Mali : reprise des rotations des contingents de la mission de l'ONU, la MINUSMA

Les rotations des contingents de la mission de l’ONU au Mali reprennent officiellement dans le pays à partir du 15 août, un mois après leur suspension. Une reprise sous conditions, marqué par l'annonce du désengagement de pays alliés. Après l'arrestation jugée arbitraire de 49 soldats ivoiriens, les tensions persistent toujours entre la junte militaire malienne et la communauté internationale. 

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MINSUMA AU MALI - juillet 2013
Bamako, Mali - 1er juillet 2013. Lors de sa création, la MINUSMA comptait 6 000 effectifs principalement issus des forces militaires africaines. Aujourd'hui, ils sont plus de 10 000 et viennent de plus de 110 pays. 
AP Photo/Harouna Traore
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Un mois après leur suspension décidée par la junte militaire au pouvoir, les rotations de contingents militaires et policiers de l'opération de l’ONU pour le maintien de la paix au Mali (MINUSMA) vont reprendre. Depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire au Mali, qui a œuvré pour le départ de la France et le retrait des troupes de l’opération Barkhane, la coalition internationale n’était plus la bienvenue au Mali.

Active sur le territoire malien depuis 2013, la MINUSMA a dû être suspendue courant juillet dans un contexte de tensions grandissantes entre les pouvoirs maliens et l’ONU. À sa création, cette force onusienne pour le maintien de la paix devait aider le Mali à lutter contre les groupes djihadistes  violents qui déstabilisent le pays. En tout, la MINUSMA représentait 12.261 soldats internationaux et 1 718 policiers.  

CARTE - que représente la MINUSMA en 2022 ?
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Arrestation de 49 soldats ivoiriens mobilisés pour soutenir la MINUSMA

Ce rejet des alliés historiques coïncide avec le rapprochement significatif entre Bamako et Moscou, qui finance de façon opaque les troupes Wagner. Le 10 juillet, 49 soldats ivoiriens affiliés à l’ONU en tant qu'éléments nationaux de soutien à la MINUSMA sont arrêtés à l’aéroport de Bamako. Placés en détention, les dirigeants maliens au pouvoir assurent qu’il s’agit de “mercenaires” qui n’avaient “ni ordre de mission ni autorisation” pour pénétrer sur le sol malien.

Olivier Salgado, porte-parole de la MINUSMA, s'est exprimé sur la situation des soldats ivoiriens placés en détention. Il aurait ainsi relayé des “informations inacceptables", juge Bamako, qui décide de l’expulser du territoire malien. Quelques jours plus tard, l'ONU reconnaît des "dysfonctionnements" lors de l’arrivée des soldats ivoiriens dans une note adressée au gouvernement malien. Les Nations Unies admettent notamment que "certaines mesures n'ont pas été suivies".

Dimanche 14 août, un mois après leur arrestation, Bamako a annoncé l’inculpation des militaires ivoiriens. Ils sont accusés de “tentative d’atteinte à la sûreté de l'État". 

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Un retour encadré, surveillé et sous certaines conditions

Le 14 juillet, peu de temps après l'arrestation des 49 soldats ivoiriens,  le gouvernement malien décide même de suspendre les rotations des contingents militaires de l’ONU. D’après Bamako, cette décision a été encouragée par le “contexte de sécurité nationale". 

Notre ligne est claire. On ne transige pas sur les questions touchant à la souveraineté et à la sécurité nationales.
Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères

Ces rotations devraient également reprendre ce lundi, mais sous certaines conditions imposées par l’état malien. “Avant, les contingents nous saisissaient directement. On a mis un terme à cela. Toutes les demandes doivent désormais passer par la Minusma qui doit les valider et transmettre aux Affaires étrangères par note verbale", annonce Abdoulaye Diop, le chef de la diplomatie malienne. 

D’après lui, ces nouvelles conditions imposées par le régime doivent permettre de garantir la stabilité au Mali. “Notre ligne est claire. On ne transige pas sur les questions touchant à la souveraineté et à la sécurité nationales”, argue aussi le ministre malien. 

Quel est le rôle de la MINUSMA ? 

D’après les informations de l’ONU, le rôle de la MINUSMA consiste à appliquer “des règles d’engagement robustes”. “La Mission opérera conformément et devra employer tous les moyens nécessaires pour faire face aux menaces à l’exécution de son mandat”, poursuit l’ONU. 

En clair, le mandat de l’ONU au Mali consiste à “protéger les civils immédiatement menacés de violences physiques” et “préserver le personnel des Nations Unies de menaces résiduelles, dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement”. Pour y parvenir, la MINUSMA peut notamment “réaliser des opérations isolément ou en coopération avec les forces de défense et de sécurité maliennes”. 

Lors de la création de la MINUSMA, le Conseil de sécurité de l’ONU a également autorisé les forces françaises déployées au Mali à intervenir en appui. Cette intervetion ne peut se faire qu’ “à la demande du secrétaire général, en cas de menace grave et imminente”, précise l’ONU.

Les coalitions internationales sont-elles en péril au Mali ? 

À la veille du retour de la MINUSMA, Berlin, refusant de se soumettre aux nouvelles conditions imposées par Bamako pour encadrer le retour de la MINUSMA, a décidé de se retirer de l’opération.  Vendredi, l'Allemagne a indiqué suspendre "jusqu'à nouvel ordre" la majeure partie de ses opérations militaires dans le cadre de la mission onusienne. Les Allemands dénoncent notamment des refus de survol de certaines zones décidés par les autorités maliennes. 

Bamako a pris acte de la décision mais ne compte pas revenir sur ses positions. “Les Allemands doivent se conformer aux nouvelles procédures”, réaffirme Abdoulaye Diop. “Leur ministre de la Défense est allé vite en besogne pour annoncer la suspension de leur opérations. Cela ne nous impressionne pas", commente le ministre malien des Affaires étrangères. 

En plus du pays européen, l'Égypte a aussi annoncé suspendre sa participation à la Minusma, ce qui représente environ 1.035 soldats. En janvier, le Danemark  avait de son côté annoncé le rapatriement de ses soldats déployés au Mali dans le cadre du groupement européen de forces spéciales Takuba. Une décision prise sous la pression de Bamako, pour qui leur déploiement était "intervenu sans son consentement".