Trois soldats français ont été tués lundi 28 décembre, par une bombe artisanale dans la zone des "trois frontières", dans le centre du Mali, où la force antiterroriste française Barkhane concentre ses efforts depuis janvier.
Les trois soldats étaient âgés de 21, 23 et 28 ans. Pilote de véhicule blindé léger, tireur antichar et adjoint chef de patrouille, ils étaient déployés pour la première fois au Sahel depuis la mi-novembre.
"Leur véhicule blindé a été atteint par un engin explosif improvisé alors qu'ils participaient à une opération dans la région de Hombori", dans le Gourma malien, a annoncé la présidence française dans un
communiqué.
Ces trois décès portent à 47 le nombre de soldats français tués au Sahel depuis 2013 dans les opérations Serval puis Barkhane. Le bilan s'établit à 48 si on y ajoute un soldat mort au Tchad en 2013 dans le cadre de l'opération Epervier.
Le brigadier-chef Tanerii Mauri et les chasseurs de 1ère classe Quentin Pauchet et Dorian Issakhanian, qui appartenaient au 1er régiment de chasseurs de Thierville-sur-Meuse (Meuse), près de Verdun, effectuaient une mission d'escorte entre Hombori et Gossi, dans une zone frontalière du Niger et du Burkina Faso.
Le président Emmanuel Macron a fait part de sa
"très grande émotion" et
"salué la mémoire" des trois militaires,
"morts pour la France dans l'accomplissement de leur mission".
Il a aussi rappelé la
"détermination de la France à poursuivre la lutte contre le terrorisme", notamment dans cette région où sévit l'Etat islamique au Grand Sahel (EIGS), décrété ennemi numéro un lors du sommet de Pau (sud-ouest de la France) en janvier 2020.
"Succès tactiques"
Dans un message de condoléances, le président de transition malien Bah Ndaw a exprimé de nouveau sa
"gratitude à la Nation française pour l’engagement multiforme et militaire en particulier, aux côtés du Mali et ce, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme."Ces derniers mois, l'armée française - qui a déployé 5.100 hommes au Sahel - et celles des pays africains du G5 Sahel ont multiplié les offensives, en particulier dans la zone dite des
"trois frontières".
Le chef d'état-major des Armées françaises, le général François Lecointre, s'était d'ailleurs rendu à Hombori ainsi qu'au Niger les 10 et 11 décembre. Il avait alors salué les
"nombreux succès tactiques" et
"l'amélioration de la situation sécuritaire dans la zone".
Le chef militaire, tout comme la ministre des Armées Florence Parly, se sont inclinés devant la mémoire des trois soldats et ont présenté leurs condoléances à
"leurs familles, leurs proches et leurs frères d'armes".
Ils étaient
"engagés dans une zone où des groupes terroristes attaquent les populations civiles et menacent la stabilité régionale, tout comme notre propre sécurité", a relevé Florence Parly.
La classe politique française dans son ensemble leur a aussi rendu hommage lundi soir. Le chef du PS Olivier Faure a exprimé
"reconnaissance et respect".
"La guerre contre l’islamisme est loin d’être terminée", a renchéri le maire Rassemblement national (RN) de Perpignan, Louis Aliot.
Ils n'ont pu être ranimés
Ils n'ont pu être ranimés malgré
"l'intervention immédiate de l'équipe médicale présente dans le convoi et les soins prodigués", a déploré l'état-major des armées dans un communiqué.
Barkhane et la force conjointe du G5 Sahel ont revendiqué la
"neutralisation" de plusieurs dizaines de jihadistes ces dernières semaines. Face à ces succès, la France envisage un retour à ses effectifs d'avant le sommet de Pau - ils avaient alors été augmentés de 600 soldats.
- (Re)voir Sahel : des "évolutions" de l'engagement français
Une telle réduction est toutefois jugée
"prématurée" par le commandant de la force conjointe du G5 Sahel, le général nigérien Oumarou Namata Gazama. La force Barkhane vise aussi des cadres de haut niveau d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), une organisation concurrente de l'EIGS active dans le nord du Mali.
Elle a ainsi neutralisé le chef historique d'Aqmi, l'Algérien Abdelmalek Droukdal, en juin et un de ses chefs militaires en novembre.
Face à la persistance des violences djihadistes, doublées de conflits intercommunautaires, les autorités de transition au Mali n'excluent pas d'engager des négociations avec des groupes armés, tout comme avant elles le président Ibrahim Boubacar Keïta, emporté par un putsch en août.
La France, qui affiche une position plus intransigeante, a admis toutefois ne pas s'opposer à des négociations avec certains éléments djihadistes, à l'exception fondamentale des directions d'Al-Qaïda et du groupe État islamique.