Mali : une représentante de la société civile dans le collimateur de la junte
Aminata Cheick Dicko, vice-présidente de l'observatoire Kisal, une organisation d'aide aux victimes au Mali, est intervenue devant le Conseil de sécurité de l'ONU le 27 janvier pour témoigner sur les exactions commises par les "partenaires russes de l'armée malienne". Un témoignage dénigré par le ministre malien des Affaires étrangères présent lors de cette réunion.
C'est en sa qualité de membre de la société civile malienne et défenseure des droits humains qu'Aminata Cheick Dicko était appelée à témoigner, en duplex, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU à New York vendredi 27 janvier.
Elle avait été invitée à s'exprimer par la présidence du Conseil de sécurité, assurée par le Japon, lors d'une réunion sur l'avenir de la mission de paix de l'ONU au Mali. Aminata Cheick Dicko s'est présentée en tant que vice-présidente de l'observatoire Kisal, organisation qui documente les atteintes aux droits humains dans le centre du Mali et apporte son soutien aux victimes.
Aminata Cheick Dicko a souligné les exactions commises par les "terroristes", mais aussi l'implication des "partenaires militaires russes" de l'armée malienne dans "la commission (de) violations graves des droits de l'Homme et du droit international humanitaire".
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Aminata Cheick Dicko
Lors de cette réunion, l'ambassadeur américain et l'ambassadrice française ont également dénoncé les agissements de la force Wagner au Mali.
La junte dément et parle de coopération militaire d'État à État avec la Russie.
Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, présent à New York, a immédiatement réagi à l'intervention d'Aminata Cheick Dicko, une "déléguée", que "nous ne connaissons pas". Il a mis en doute sa "crédibilité et (sa) représentativité". "L'instrumentalisation de la société civile pour des agendas cachés ne sert pas la cause de la société civile", a-t-il affirmé.
Depuis, les organisations favorables à la junte ont attaqué la vice-présidente de l'observatoire Kisal qui fait l'objet d'insultes et de menaces sur les réseaux sociaux, certaines la qualifiant de "traitre" instrumentalisée par l'Occident. D'autres internautes défendent en revanche "son courage".
Le Collectif pour la défense des militaires (CDM), réputé proche de la junte, a porté plainte contre elle. Aminata Cheick Dicko "usurpe le titre honorifique de la société civile malienne pour s'attaquer à notre vaillante armée et aux autorités", dit-il dans un communiqué.
Le Conseil national de la société civile du Mali s'est désolidarisé des propos de Mme Dicko et affirmé "que ses propos n'engagent que sa personne et son association".
Les campagnes à l'encontre de ceux qui émettent des critiques contre la junte - militants des droits humains comme journalistes - pouvant mener à leur détention sont fréquentes au Mali depuis l'arrivée au pouvoir des militaires, selon les organisations de défense des droits humains.