Manifestation au Tchad pour le départ des troupes françaises

Quelques centaines de manifestants, pour la plupart très jeunes, ont manifesté ce 6 décembre à N'Djamena leur soutien à la rupture des accords militaires avec la France, annoncée la semaine dernière par le pouvoir tchadien.

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manifestation tchad

Des Tchadiens participent à une manifestation anti-française à N'djamena, au Tchad, le 6 décembre 2024.

AP Photo/Edouard Takadji
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Les activités des conseillers techniques militaires français auprès de l'armée tchadienne ont déjà été suspendues à la demande des Tchadiens, ont indiqué dans la journée des sources françaises à N'Djamena. "Après 60 ans de coopération, nous n'avons pas besoin de militaires français, nous avons une armée, nous pouvons défendre notre pays", déclare Abdel daim Abdallah Ousmane, le secrétaire général du Conseil supérieur des affaires islamiques, présent au rassemblement organisé aux abords du stade de N'Djari de la capitale tchadienne.

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"Notre manifestation est pacifique, nous ne sommes pas ennemi de la France et la France n'est pas un ennemi pour le Tchad", ajoute-t-il. La foule d'environ 300 à 500 personnes, dont de très nombreux mineurs, arborait des affichettes proclamant en français ou en arabe "Tchad hourra, France barra" ("dehors") et des drapeaux aux couleurs du pays. La manifestation s'est dispersée sans incident.

Le 5 décembre, une première manifestation avec les mêmes slogans avait réuni quelques centaines de personnes à Abéché, une ville commerçante de l'est du pays, "organisée par le maire" et "encouragée par le gouverneur" régional, selon la télévision publique Tchad infos. Il s'agit d'une première pour ce pays sahélien, allié traditionnel de la France et dernier État de la région à accueillir ses soldats, qui a annoncé le 28 novembre sa décision de mettre fin aux accords de sécurité et de défense hérités de l'époque coloniale.

Réflexion sur le dispositif militaire français en Afrique

"Étape cruciale" dans le processus, la commission spéciale créée pour la mise en oeuvre de la dénonciation de ces accords a tenu sa première réunion jeudi à N'Djamena pour répondre à cette "mission historique", selon un communiqué du gouvernement tchadien. La décision de rupture, annoncée quelques heures après une visite du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, a pris de court Paris qui en a simplement pris "acte", en faisant valoir qu'une réflexion sur la revue de son dispositif militaire en Afrique était déjà en cours. 

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Après le retrait forcé des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, l'annonce surprise du Tchad a coïncidé avec, au Sénégal, celle du nouveau président Bassirou Diomaye Faye qui a émis le souhait de voir les troupes françaises quitter également son pays. La question est désormais de savoir "comment est-ce que nous pourrions réengager la coopération avec ces États ?", déclare le porte-parole du Quai d'Orsay Christophe Lemoine, au cours de son point de presse hebdomadaire à Paris, en indiquant que "les discussions sont en cours".

bases militaires au Tchad
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Le Tchad est en transition politique depuis le coup d'État qui a porté au pouvoir le général Deby en 2020, avant sa légitimation par une élection présidentielle contestée en avril dernier. Des élections législatives boycottée par l'opposition sont prévues fin décembre. Le pays subit actuellement des attaques du groupe djihadiste Boko Haram dans le nord-ouest, accueille un afflux de réfugiés venus du Soudan voisin et tente de se remettre des dégâts d'une saison des pluies sans précédent qui a fait plus de 2 millions de déplacés.