Manifestations meurtrières au Togo : la société civile et l'opposition demandent une "enquête internationale"

Sur TikTok, de nombreux artistes et influenceurs togolais mobilisent la jeunesse pour relancer les manifestations contre le gouvernement de Faure Gnassingbé. Ce mouvement a pris de l'ampleur surtout après l'arrestation de l'artiste critique, désormais libre, Aamron. Des manifestations récentes contre le pouvoir ont fait sept morts à Lomé. 

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Des manifestations ont lieu le 26 juin 2025 réclamant la démission du président Faure Gnassingbé à Lomé, au Togo, le jeudi 26 juin 2025. (Photo AP/Erick Kaglan)

Des manifestations ont lieu le 26 juin 2025 réclamant la démission du président Faure Gnassingbé à Lomé, au Togo, le jeudi 26 juin 2025. (Photo AP/Erick Kaglan)

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Le 29 juin, "Front citoyen Togo Debout" a affirmé que sept corps avaient été repêchés dans des cours d'eau de la capitale. Le collectif de la société civile togolaise évoque des "exactions commises par des éléments des forces de l'ordre et des miliciens", en marge des manifestations. Les autorités ne se sont pas prononcées sur le nombre de corps repêchés, mais ont dénoncé "des tentatives de récupérations malheureuses" et évoqué des morts "par noyade". 

Ce 30 juin, le front "Touche pas à ma Constitution", qui regroupe partis d'opposition et mouvements de la société civile, a "réclamé une enquête internationale sur les crimes commis durant ces trois jours de répression", lors d'une conférence de presse. 

"L'objectif, c'est de comprendre ce qui s'est passé, d'identifier les responsables pour que demain, les choses de cette nature ne se reproduisent plus dans notre pays", a-t-il précisé.

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À chaque fois qu'il y a de la répression et qu'il y a des morts et des blessés graves, le régime lance des enquêtes. Mais nous n'avons jamais les résultats de ces enquêtes. On ne sait jamais qui est responsable et on ne sait jamais les circonstances des décès.

Nathaniel Olympio, porte-parole du front "Touche pas à ma Constitution"

"Violences inacceptables"

Lundi 30 juillet, la conférence des évêques du Togo, pays où un quart de la population est catholique, a condamné "vigoureusement ces violences inacceptables et insoutenables, quelles qu'en soient leurs origines, leurs auteurs ou leurs justifications"."Un usage aussi disproportionné de la force pour réprimer une manifestation, fût-elle illégale, est simplement inadmissible".

Re(voir) aussi : Togo : des corps retrouvés dans la lagune après les manifestations contre le régime de Faure Gnassingbé

Les manifestations sont rares au Togo ces dernières années, mais il s'agissait du deuxième appel lancé sur les réseaux sociaux à descendre dans la rue ce mois-ci.

Artistes et d'influenceurs de la diaspora

Ce vent de contestation est porté aussi par un groupe d'artistes et d'influenceurs de la diaspora sur TikTok. Ce mouvement, qui a pris de l'ampleur après l'arrestation de l'artiste critique Aamron, appelle à reprendre les manifestations contre le gouvernement togolais. Libéré le 21 juin, Aamron est devenu un symbole de la lutte pour le changement, inspirant la jeunesse togolaise, notamment les étudiants, à se mobiliser.

Les manifestants dénoncent la dégradation des infrastructures publiques, comme les hôpitaux et les routes, ainsi que la hausse du coût de la vie. Ils réclament la démission du président, estimant que le pays a besoin d'un nouveau souffle. 

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Un mouvement sans leader

Malgré l'illégalité des manifestations, le mouvement se distingue par son absence de leader et son indépendance des partis politiques traditionnels. Il incarne la voix collective d'une jeunesse inquiète pour l'avenir du pays. "Personne n'a le droit de dire aux jeunes d'arrêter", affirme un porte-parole, soulignant que cette mobilisation reflète les préoccupations de l'ensemble de la population.

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Des manifestants ont érigé une barricade lors d'une manifestation appelant à la démission du président Faure Gnassingbé à Lomé, au Togo, le jeudi 26 juin 2025. 

@AP Photo/Erick Kaglan

 

Les manifestations ont été marquées par une répression violente, avec des accusations de morts causées par les forces de l'ordre et des milices. Le gouvernement, de son côté, nie ces allégations et insiste sur la nécessité de maintenir l'ordre public. Le 29 juin, les autorités ont dénoncé des campagnes de désinformation et de manipulation, tout en procédant à l'arrestation de dizaines de personnes, certaines étant toujours portées disparues.