Maroc : après dix ans de pouvoir, les islamistes prennent une claque monumentale aux élections

C'est une défaite cinglante pour les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD).  A la tête du gouvernement marocain depuis dix ans, il a subi un revers inattendu, au profit de partis libéraux considérés comme proches du palais royal, lors des élections législatives du mercredi 8 septembre, mais aussi aux communales et aux régionales organisées le même jour. Le Parti de la justice et du développement s'effondre de cent vingt-cinq sièges dans l'assemblée sortante à douze députés élus. Il perd aussi le contrôle des grandes villes.

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Maroc : déroute des islamistes
AP Photo/Mosa'ab Elshamy.
Le premier ministre marocain et chef du PJD, Saad Eddine El-Othmani, à Rabat (Maroc), le 8/09/21.

 
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C'est une défaite sur tous les tableaux pour le Parti Justice et Développement (PJD), le parti islamiste au pouvoir ces dix dernières années. La débâcle des islamistes aux législatives se confirment au niveau des communales et régionales. Ce vendredi les résutats des scrutins communaux et régionaux enfoncent un peu plus les islamistes.

Aux élections communales, les islamistes subissent un effondrement spectaculaire, passant de 5.021 sièges à 777. Il perd ainsi le contrôle des grandes villes qu'il dirigeait, comme Rabat, Marrakech, Fès ainsi que les deux grands pôles économiques de Casablanca et Tanger. Il a été très largement devancé par le RNI et le PAM qui remportent 9.995 et 6.210 sièges (sur un total de 31.503). 

Enfin, aux régionales, les résultats du Parti de la justice et du développement dégringolent aussi, avec 18 sièges contre 174 lors des précédentes élections locales en 2015.

Le RNI et le Parti de l'Istiqlal arrivent en tête avec respectivement 196 et 144 sièges sur un total de 678.

La veille, les résultats des législatives annonçaient déjà la chute du PJD au pouvoir. 

Les islamistes du PJD tombent de haut

Avec 12 députés élus contre 125 dans l'assemblée sortante, le parti islamiste à la tête du gouvernement au Maroc, le PJD, arrive loin derrière ses principaux rivaux, le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti Authenticité et Modernité (PAM), tous deux de tendance libérale, et le Parti de l'Istiqlal (centre-droit), avec respectivement 97, 82 et 78 (sur 395 députés).

Le RNI, qui appartient à la coalition gouvernementale, est dirigé par un homme d'affaires fortuné, Aziz Akhannouch, décrit comme proche du palais.

Et le PAM, principale formation de l'opposition, a été fondé par l'actuel conseiller royal, Fouad Ali El Himma, en 2008 avant qu'il n'en démissionne en 2011.

Plus ancien parti du Maroc, le parti de l'Istiqlal (Indépendance), de centre-droit, fait un retour remarqué avec un gain de 32 siège.

L'ampleur de la défaite des islamistes est inattendue dans la mesure où, malgré l'absence de sondages, médias et analystes pensaient que le PJD jouerait encore les premières places.

Longtemps cantonné dans l'opposition, le PJD espérait briguer un troisième mandat consécutif à la tête du gouvernement.

A re(voir) :  Elections générales : quels enjeux ?

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Participation élevée dans le Sahara occidental

Il reviendra au roi Mohammed VI de nommer un chef du gouvernement, issu du parti arrivé en tête du scrutin législatif, qui sera chargé de former un exécutif pour un mandat de cinq ans. Il  succèdera au secrétaire général du PJD, Saad-Eddine El Othmani.

Le taux de participation a atteint 50,35% au niveau national, selon le dernier chiffre donné par le ministre de l'Intérieur. Il avait plafonné à 43% lors des précédentes législatives en 2016 et à 53% lors des dernières élections locales en 2015.

Mais c'est la première fois que les quelque dix-huit millions d'électeurs choisissaient leurs trois cent quatre-vingt quinze députés le même jour que leurs représentants communaux et régionaux, ce qui a réduit l'abstention.

La participation a été élevée dans les régions du Sud qui englobent la partie du territoire disputé du Sahara occidental contrôlée par le Maroc.

Maroc : pour la première fois, les Marocains votent pour trois scrutins électoraux le même jour

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    En 2011, le Maroc s'est doté d'une nouvelle Constitution accordant de larges prérogatives au Parlement et au gouvernement.

    Toutefois, les décisions et les orientations dans des secteurs clés continuent d'émaner d'initiatives du roi Mohammed VI.

    Plus tôt dans journée, les islamistes avaient fait état de "graves irrégularités", dont "la distribution obscène d'argent" à proximité de bureaux de vote et des "confusions" sur certaines listes électorales, des citoyens n'y trouvant pas leur nom.

    Les opérations de vote se sont déroulées "dans des circonstances normales", a assuré M. Laftit, hormis "des cas isolés". 

    Accusations d'achat de voix

    La fin de la courte campagne électorale, marquée par l'absence de grands meetings politiques pour cause de Covid-19, avait déjà été empoisonnée par des accusations d'achat de voix.

    Une vive polémique a d'ailleurs opposé ces derniers jours le PJD au RNI. L'ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général du PJD Abdelilah Benkirane avait tiré à boulets rouges sur le chef du RNI Aziz Akhannouch, jugeant qu'il fallait "une personnalité politique intègre" à la présidence du gouvernement. 

    Ministre de l'Agriculture depuis 2007, M. Akhannouch avait rétorqué que les critiques des islamistes étaient "un aveu d'échec" et "ne visaient qu'à semer la zizanie".

    Le ministre, à la tête d'une des plus grosses fortunes du pays, a déjà joué un rôle clé dans le précédent gouvernement, contrôlant des portefeuilles importants comme l'Economie et les Finances ou l'Industrie.

    Nouvelles réformes 

    C'est la première fois depuis la tenue des premières élections au Maroc en 1960 que la répartition des sièges à la Chambre des représentants était calculée sur la base du nombre d'électeurs inscrits et non des votants. Ce nouveau mode de calcul devait favoriser les petits partis au détriment des grandes formations. Mais seul le PJD s'y était opposé, s'estimant déjà "lésé".

    La compétition électorale a été caractérisée par l'absence de polarisation bien définie sur les choix politiques. Après le scrutin, les partis politiques seront invités à adopter "un pacte" découlant d'un "nouveau modèle de développement", qui préfigure une "nouvelle génération de réformes et de projets", comme l'a promis récemment Mohammed VI.

    Voir aussi :