Maroc : en grève de la faim depuis 75 jours, le journaliste Raissouni "frôle la mort"

En grève de la faim depuis 75 jours, le journaliste Soulaimane Rassouni "frôle la mort" selon sa famille. Ce week-end, l'éditorialiste de 49 ans a été hospitalisé à deux reprises "après avoir perdu conscience" affirme un de ses avocats. Son procès s'ouvre ce mardi à Casablanca.
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Rabat : manifestation pour demander la libération des journalistes Raissouni et Radi
Manifestation demandant la libération des journalistes Soulaimane Rassouni et Omar Radi le 25 mai 2021, Rabat (Maroc).
© AP Photo/Mosa'ab Elshamy
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"Ses avocats l'ont vu hier, il était très fatigué (...) il frôle la mort", a déclaré à l'Agence France Presse son épouse, Kholoud Mokhtari, avant l'audience devant la cour d'appel de Casablanca.

L'administration pénitentiaire (DGAPR) a fait savoir à la cour au début de l'audience que le journaliste avait "refusé" d'assister au procès. Vendredi, la DGAPR l'avait accusé dans un communiqué de "chercher à tromper l'opinion publique en observant une pseudo-grève de la faim".

"M. Raissouni est prêt à assister à son procès à condition d'être transporté en ambulance et d'avoir un fauteuil roulant", a pour sa part assuré un de ses avocats en demandant un rapport médical sur son état de santé.  

Ce week-end, l'éditorialiste de 49 ans a été hospitalisé à deux reprises "après avoir perdu conscience", selon la même source.

Soulaimane Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum - en banqueroute depuis mi-mars-, est poursuivi pour "agression sexuelle" après une plainte déposée par un militant LGBTQ pour des faits qu'il conteste.

Arrêté fin mai 2020, il dit avoir perdu depuis cette date plus de 35 kg, dont 18 kg pendant sa grève de la faim, lancée pour dénoncer la "grande injustice" de sa détention préventive.

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"Je suis prêt, voire avide, de ce procès (...) qu'il soit devant la Cour ou devant le tribunal de Dieu", a-t-il écrit la semaine dernière dans une lettre dictée à ses avocats et partagée par son épouse sur Facebook.
 

La justice a rejeté toutes ses demandes de remise en liberté, malgré une forte mobilisation au Maroc et à l'international.

"Nous demandons au roi d'intervenir afin d'éviter une catastrophe humaine pour la liberté de la presse", a déclaré mardi le secrétaire général de Reporters sans frontières Christophe Deloire, venu à Casablanca pour assister au procès de M. Raissouni et à celui d'un autre journaliste, Omar Radi.

Ce dernier, un reporter de 34 ans, est en détention préventive depuis près de 11 mois pour des accusations de "viols" et d'espionnage qu'il conteste. Il doit lui aussi comparaitre mardi dans le même tribunal, mais dans une autre salle.

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"Omar Radi est malade, Soulaimane Raissouni est en grave danger (...) si l'irrémédiable devait arriver, cela entacherait l'image du Maroc", a estimé M. Deloire, demandant "qu'ils soient traités équitablement".

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Le procès de M. Raissouni a débuté en février, avec depuis des renvois systématiques d'audience. La semaine dernière, le parquet a estimé que ces reports étaient liés à sa stratégie de défense, avec des reports "à sa demande pour des motifs différents, soit pour préparer sa défense, soit pour des raisons de santé".