Maroc : inquiétude sur la surpopulation carcérale

L'administration pénitentiaire marocaine a exprimé "sa grande préoccupation" face à la surpopulation dans les prisons qui accueillent 100.000 détenus pour une capacité de 64.000 places, un chiffre record qui relance le débat sur la détention provisoire.

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Prison à Salé, Maroc

Un officier de polic dans une prision de Salé le 28 avril 2022.

© AP Photo/Mosa'ab Elshamy
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"Le nombre des pensionnaires des établissements pénitentiaires a atteint, au 7 août, un total de 100.004 prisonniers, soit un chiffre record, sachant que la capacité d'accueil de ces établissements ne dépasse pas actuellement les 64.600 lits", indique la Délégation générale à l'Administration pénitentiaire et à la Réinsertion (DGAPR).

Le Maroc compte un peu plus de 37 millions d'habitants.

"Tout en exprimant sa grande préoccupation face à cette hausse criante, la DGAPR demande aux autorités judiciaires et administratives de trouver dans les plus brefs délais les solutions susceptibles de résoudre la problématique de la surpopulation (carcérale)", s'alarme-t-elle dans un communiqué diffusé en début de semaine.

Depuis, la polémique a enflé d'autant que ce pic sans précédent "devrait continuer à augmenter en cas de maintien de la cadence actuelle de détention", prévient la DGAPR.

L'administration pénitentiaire ainsi que les organisations de défense des droits humains mettent régulièrement en garde contre la surpopulation dans les prisons marocaines, appelant à limiter le recours à la détention préventive. Les prévenus constituent 39% du nombre total des détenus, a précisé le 9 août  le ministère public dans un communiqué.

Le Parquet partage aussi "l'inquiétude" de la DGAPR quant à la surpopulation des prisons, assurant travailler sur "la rationalisation de la détention préventive", tout en notant l'aggravation de la criminalité (eu égard à la gravité des actes commis, aux récidives, etc.) ces dernières années.

Pour sa part, le Club des magistrats du Maroc, une importante association professionnelle, a critiqué dans un communiqué "la politique pénale du gouvernement basée sur les peines privatives" au lieu "d'adopter des mesures sociales, économiques, culturelles et éducatives visant à s'attaquer aux causes des crimes".

Début juin, le gouvernement a adopté un projet de loi sur les peines alternatives afin "d'atténuer la surpopulation carcérale". Ce texte, qui n'a pas encore été discuté au Parlement, prévoit des peines telles que les travaux d'utilité publique ou la surveillance électronique.