Fil d'Ariane
La clémence du verdict prononcé le 6 avril a indigné une partie de la société marocaine suscitant des manifestations à l'appel de collectifs pour la défense des droits des femmes et une pétition sur les réseaux sociaux.
"Nous espérons que justice sera rendue mais aussi que le débat sur la réforme législative de la protection des mineurs s'intensifiera", a plaidé Mohamed Sebbar, l'avocat de Sanae, la petite victime de 11 ans, lors d'une conférence de presse à Casablanca, la veille de son appel.
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Sanae, 12 ans aujourd'hui, a "subi des viols à répétition sous la menace" de trois hommes dans un village près de Tifelt, dans la région de Rabat. Un triple viol qui a conduit à une grossesse et puis à un accouchement à l’âge de 12 ans selon le site d'information Maroc Diplomatique.
Les accusés, âgés de 25, 32 et 37 ans, étaient poursuivis pour "détournement de mineure" et "attentat à la pudeur sur mineure avec violence". Ils encouraient jusqu'à 30 ans de prison ferme, selon le code pénal marocain.
Le 20 mars, la chambre criminelle de la cour d'appel de Rabat a condamné en première instance un premier accusé à deux ans de prison ferme et deux autres à 18 mois ferme.
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L'affaire a profondément scandalisé l'opinion publique marocaine qui a dénoncé un jugement en première instance "laxiste" et "choquant".
La deuxième audience du procès en appel est fixée au 13 avril et une témoin mineure devrait être entendue "peut-être à huis clos", a indiqué à l'AFP Maître Sebbar.
"J'espère que l'enthousiasme ne va pas retomber. Nous devons rester mobilisés, le drame de Sanae peut changer les lois", a souligné la sociologue Soumaya Naamane Guessous, qui avait adressé une lettre ouverte au ministre de la Justice à propos de ce drame.
Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l'homme (CNDH), une institution publique, a également appelé le 11 avril le gouvernement à "procéder à des amendements urgents en vue de garantir l'effectivité des droits des enfants à la protection contre toutes les formes de violence, en particulier la violence sexuelle".
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Au Maroc, ONG et médias tirent fréquemment la sonnette d'alarme sur les cas de violences sexuelles contre les mineurs et appellent à des sanctions plus sévères.