La contestation à Al Hoceïma se poursuit depuis l'arrestation le 29 mai 2017 de plusieurs personnes, dont le visage de ces manifestations, Nasser Zefzazi. Il a été transféré à Casablanca, alors que le ministre de l'Intérieur est attendu au Parlement ce mardi 6 juin.
« Nasser Zefzafi a été transféré ce week-end à la prison d'Oukacha, à Casablanca, indique Maud Ninauve, correspondante de TV5MONDE à Tanger. L'un de ses avocats a pu le rencontrer. Il assure que son client est en bonnes conditions physique et mentale, et que le bureau national de la police judiciaire a respecté la loi. »
Nasser Zefzazi, natif d'Imzouren et installé à Al Hoceïma, est devenu l'une des figures de proue de la contestation populaire dans le Rif marocain. Il a été arrêté le 29 mai, après que la justice marocaine a réclamé son arrestation. Trois jours plus tôt, il avait interrompu le prêche d'un imam. Selon le mandat d'arrêt le visant, cité par l'AFP, il était accusé d'avoir « insulté le prédicateur », « prononcé un discours provocateur » et « semé le trouble ».
Le ministre de l'Intérieur très attendu
Selon notre correspondante, « côté politique, le ministre de l'Intérieur est très attendu ce mardi 6 juin au Parlement. Il devra faire un point sur les dernières évolutions de la situation et, surtout, répondre aux questions des députés qui demandaient déjà sa présence mardi dernier (le 30 mai, ndlr). Fait très important, le porte-parole du gouvernement assure que la porte du dialogue n'est pas fermée, que le droit à la contestation existe, et que les revendications d'Al Hoceïma sont jugées légitimes. »
Pour rappel, c'est la mort d'un vendeur de poisson, broyé par une benne à ordures alors qu'il tentait d'y récupérer sa marchandise confisquée par la police, en octobre 2016, qui a mis le feu aux poudres dans la région. Depuis, la contestation a pris une tournure sociale et politique et se mène aussi sur les réseaux sociaux. Son ampleur a redoublé avec l'arrestation de Nasser Zefzazi.
Comme le rappelle RFI, « la pêche légale, notamment de la sardine, qui a fait tourner jusqu'à cinq conserveries dans cette ville dans les années 1990, est en train de mourir, à cause de l’épuisement des ressources halieutiques. Il n'y a guère d'autres activités. Le tourisme est resté balbutiant. » Le pouvoir, lui, met en avant des efforts financiers pour la région et pour Al Hoceïma. « C'est une ville qui fonctionne normalement,affirme ainsi à 360.ma Mohamed El Yaakoubi, le wali de Tanger-Tétouan. En fait, il y a une ville réelle, que tout le monde qui la visite peut constater. Et il y a une ville virtuelle sur les réseaux sociaux. Il y a une très grande différence entre les deux. » Dans la « ville réelle », de nombreux chantiers, hôpitaux, établissements scolaires ou routes qui sont selon le wali en projet ou en travaux. Pour beaucoup en revanche, le Rif est « marginalisé », résultat de trente ans d'oubli.