Certains y voient une mesure pour "dompter" les jeunes et contrecarrer les mouvements de protestation, d'autres une façon d'encadrer une jeunesse oubliée du développement: au Maroc, le rétablissement du service militaire obligatoire divise la société.
À Rabat lorsque l'on a entre 19 et 25 ans c'est dans les jardins que l'on aime se retrouver discuter. Mais bientôt peut-être certains camarades pourraient manquer à l'appel. Ils pourraient être appelés, sous les drapeaux pour un an de service militaire obligatoire, comme le prévoit un projet de loi.
Au Maroc, la mesure divise même les premiers concernés : "Moi j'ai commencé mes études pour travailler et aussi aider mes parents, pas pour aller faire le service militaire, je ne suis pas d'accord", déclare Zakaria Zehad, étudiant. Mais pour Mohamed Kadiri, photographe, le son de cloche est différent : "Il y a beaucoup de jeunes sans emplois, des chômeurs, je pense que le service miliaire sera une bonne formation pour eux", insiste-t-il. Pour Kenza, elle aussi étudiante, ce projet de loi "n'est pas très constructif". Selon elle, cela pour être un frein pour les étudiant, car "au lieu de commencer directement dans leur vie active, ils devront rentrer faire un service militaire au Maroc".
12 ans après la suppression de la conscription pour raisons budgétaires, le service militaire obligatoire est la solution mise sur la table par le gouvernement pour endiguer le mal qui ronge, selon lui, la jeunesse marocaine. Entre décrochage scolaire, chômage, pauvreté, isolement social et sentiment de frustration, les jeunes sont les grandes victimes des maux de la politique marocaine.
Une loi pour dompter la jeunesse marocaine ?
Pourtant, selon Omar Brousky (universitaire et journaliste indépendant marocain), cette mesure ne sera pas efficace. Pire, elle est, selon lui, un moyen de "dompter" la jeunesse afin d'éviter toute révolte, à l'image des printemps arabes ou encore de ce qui se passe dans le Rif.
Annoncé à la surprise générale, le projet de loi sera débattu au Parlement marocain la semaine prochaine. Il prévoit des peines d'un mois à un an en cas de refus de répondre à l'appel.
Retrouvez l'intégralité de l'interview d'Omar Brousky, universitaire et journaliste marocain indépendant.