Maroc : le roi Mohammed VI nomme un nouveau gouvernement

Le roi du Maroc Mohammed VI a nommé ce 7 octobre un nouveau gouvernement, présidé par Aziz Akhannouch. Cet homme d'affaires, considéré comme proche du Palais, aura pour priorité de redresser le royaume confronté à la crise sanitaire et de profondes inégalités sociales.
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Le Roi du Maroc recevant le nouveau Premier ministre Aziz Akhannouch
Le Roi du Maroc recevant Aziz Akhannouch (RNI) au Palais royal de Fez le 10 septembre 2021. Nommé Premier ministre, il l'a chargé ce 7 octobre de composer un nouveau gouvernement.
© Palais Royal du Maroc via AP
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Aziz Akhannouch, principal actionnaire du groupe Akwa et dont la fortune est estimée à 2 milliards de dollars, a donc été chargé par le roi de composer un gouvernement. 

Dans cette équipe constituée largement de technocrates, les titulaires des ministères régaliens sont reconduits. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita est maintenu dans ses fonctions dans un contexte de tensions régionales, notamment avec l'Algérie. Et Abdelouafi Laftit conserve le portefeuille de l'Intérieur.

Avec 24 ministres, ce nouveau cabinet compte sept femmes contre quatre dans le gouvernement sortant. 

Arrivés en tête aux législatives du 8 septembre, les trois partis de la majorité gouvernementale -le RNI (Rassemblement national des indépendants) de M. Akhannouch, le PAM (Parti de l'Authenticité et Modernité), tous deux de tendance libérale, et le parti historique de l'Istiqlal (PI, centre-droit) - se partagent les ministères.

Le parti d'Aziz Akhannouch avait raflé 102 des 395 sièges de la Chambre des représentants lors des législatives, délogeant les islamistes au pouvoir depuis une décennie. Grand vainqueur du scrutin, le RNI conserve les portefeuilles stratégiques de l'Agriculture - où succède à M. Akhannouch lui-même son numéro deux au ministère, Mohamed Sadiki - et de l'Economie, avec Nadia Fettah, ex-ministre du Tourisme.

Le RNI obtient également le ministère de la Santé, avec Nabila Rmili, la nouvelle maire de Casablanca.

Le PAM - fondé par un conseiller royal, Fouad Ali El Himma - hérite lui de la Justice et de l'Aménagement du territoire.

Les postes de l’Équipement et de l'Industrie sont échus à l'Istiqlal ("Indépendance"), le plus ancien parti du Maroc fondé dans les années 1940

L'Education nationale, cible de critiques et en quête de réforme en profondeur, revient à l'actuel ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa. Cet ancien ministre de l'Intérieur est également président de la commission, mandatée par le monarque, qui a élaboré le "Nouveau modèle de développement (NMD)", un pacte politique établissant les priorités socio-économiques du royaume. 

Doubler le PIB d'ici 2035

Cette feuille de route a pour objectif de répondre au ralentissement de la croissance et de réduire les profondes inégalités qui frappent le Maroc. Elle ambitionne de doubler le PIB par habitant à l'horizon 2035.

Significativement, parmi les nouvelles têtes à faire leur entrée dans l'exécutif, figurent deux autres membre de cette commission.

Le gouvernement Akhannouch devra faire face aux lourdes répercussions de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19: l'économie s'est contractée de 7% en 2020, le taux de chômage a bondi à 11,9% la même année et les disparités sociales se sont creusées, d'après les rapports officiels.

L'exécutif aura aussi pour mission de mener à bien l'ambitieux projet de généralisation de la couverture médicale pour 22 millions de Marocains (sur près de 36 millions) d'ici 2025 comme annoncé par le souverain en 2020.

Beaucoup de Marocains n'ont pas les moyens d'accéder aux soins dans le privé, aux coûts élevés, alors que les prestations du public laissent à désirer.

Chef du RNI depuis 2016, M. Akhannouch présentera son programme dans les prochains jours devant la Chambre des représentants afin d'obtenir sa confiance, une formalité, comme le veut la Constitution.

Un milliardaire discret

Discret, Aziz Akhannouch possède l'une des plus grosses fortunes du Maroc, estimée à deux milliards de dollars selon le magazine spécialisé Forbes.

(Re)voir : Maroc : qui est Aziz Akhannouch, le nouveau premier ministre ?

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Par le passé, il a fait l'objet de vives critiques de collusion entre affaires et politique.

Ce businessman dirige une tentaculaire holding, Akwa Group, qui opère principalement dans les hydrocarbures et l'immobilier.  Au lendemain de sa nomination à la tête du gouvernement, il a annoncé son retrait de "toute gestion" de la holding familiale. 

En 2011, dans le contexte du Printemps arabe, le Maroc avait adopté une nouvelle Constitution accordant de larges prérogatives au Parlement et au gouvernement, plus proches des standards de la monarchie parlementaire, tout en consacrant un rôle central pour le roi, dont émane les décisions et les orientations majeures dans des secteurs clés.