Maroc : l’industrie cinématographique chahutée par un projet de loi

Le ministre de la Culture, Mohamed Mehdi Bensaid, a décidé de redessiner le paysage cinématographique du pays au travers d'un projet de loi, voté depuis, qui interdit aux diffuseurs d’exploiter les salles de projection. Pour la société française Megarama, leader de la distribution et de la diffusion, l’incompréhension est totale.

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Festival international du film à Marrakech

Des visiteurs font la queue pour assister à une projection lors du Festival international du film de Marrakech au Maroc, lundi 2 décembre 2024.

AP Photo/Mosa'ab Elshamy
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C'est un nouveau projet de loi qui entame une refonte totale de l’industrie cinématographique marocaine. Les distributeurs, en charge de la diffusion des films, ne peuvent plus revêtir la casquette d’exploitant des salles. Pour Megarama, leader du secteur, c’est un coup dur.

Megarama dans l’embarras

Avec près de 48 salles dans le pays, l’entreprise française est de loin l’exploitant le plus installé avec ses 82% des parts de marché. Mais la firme joue aussi le rôle de distributeur, en France principalement, et au Maroc. Avec 35% de part dans la distribution, elle ne dispose pas d'un monopole, mais aucun concurrent ne peut pour autant la défier.

Installé depuis une vingtaine d’années dans le pays, Megarama a grandement contribué au développement de l’industrie cinématographique marocaine. « J’ai investi des millions d’euros ici, alors si c’est pour travailler dans un climat de défiance, je préfère vendre » rapporte Jean-Pierre Lemoine, président et fondateur de Megarama, à nos confrères du journal Le Monde.

Le texte pourrait mettre en péril l’économie cinématographique du pays. Les 250 emplois de Megarama seraient directement menacés. Et si l'entreprise ne porte plus sa caquette de distributeur, les films français distribués par le groupe français et qui représentent 40% des entrées annuelles, seraient aussi en danger. 

  • Voir aussi : Cinéma: une nouvelle vague au Maroc

Un projet de loi nécessaire ?

En plein cœur du Festival international du film de Marrakech, l’affaire a fait couler de l'encre. De nombreux experts estiment que ce remodelage de l’industrie pourrait grandement la fragiliser. Le projet de loi devrait entrer en vigueur dans neuf mois. Une vingtaine de textes sont encore en cours de validation.

En attendant, Olivier Labarthe, homme de confiance de Jean-Pierre Lemoine, s’est rendu mercredi 4 décembre dernier à Marrakech, pour rencontrer Mohamed Mehdi Bensaid.