Un nouveau gouvernement dirigé par Saad-Eddine El Othmani a été nommé mercredi 5 avril 2017 au Maroc, avec une montée en puissance de libéraux ayant la confiance du Palais et la marginalisation des islamistes.
Les 39 ministres du cabinet ont été désignés par le roi Mohammed VI, a rapporté l'agence de presse officielle MAP.
Le roi Mohammed VI nomme un nouveau gouvernement https://t.co/vkEGQmijnM #Maroc pic.twitter.com/6EMDUhEnOK
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La formation du gouvernement met fin à de très laborieuses négociations entre partis depuis les élections législatives du 7 octobre 2016, remportées par le parti islamiste Justice et développement (PJD) qui avait obtenu 125 sièges sur 395.
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L'ancien Premier ministre Abdelilah Benkirane, également secrétaire général du PJD, avait été reconduit à son poste mais n'étant pas parvenu à former une majorité, le roi l'avait remplacé à la mi-mars par le numéro deux du parti, Saad Eddine El Othmani, 61 ans.
La nouvelle majorité comprend le PJD, son allié du Parti du progrès et du socialisme (PPS, communiste), le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéraux), le Mouvement populaire (MP), l’Union constitutionnelle (UC) et l'Union socialiste des forces populaires (USFP).
Au regard de son score électoral, le PJD a décroché relativement peu de ministères d'importance. Il a obtenu les portefeuilles du Transport (Abdelkader Amara), de l'Energie et les mines (Aziz Rebbah), de l'Emploi (Mohammed Yatim) ou encore de la Famille (Bassima Hakkaoui), selon la liste publiée par la MAP.
Il n'obtient cependant pas l'important ministère de la Justice, qu'il voulait garder, ni plusieurs portefeuilles stratégiques qu'il convoitait.
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Les ministères de souveraineté que sont les Affaires étrangères, l'Intérieur, la Défense et les Affaires islamiques, sur lesquels les partis n'ont traditionnellement pas leur mot à dire, seront dirigés respectivement par Nasser Bourita, Abdelouafi Laftit et Abdellatif Loudiyi (reconduit) et Ahmed Toufiq. L'ancien ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad, devient ministre de l'Education.
Le Rassemblement national des indépendants (RNI), un parti libéral arrivé pourtant quatrième au scrutin d'octobre avec 37 sièges, s'est vu, lui, attribuer des postes convoités, notamment les ministères du pôle économique (Economie, Industrie, Agriculture) qu'il continuera de diriger.
Son patron, Aziz Akhannouch, l'une des plus grosses fortunes du continent décrit comme un homme de confiance du Palais, a comme attendu été reconduit à son poste de ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime.
Contrer le PJD
Psychiatre de formation, Saad Eddine El Othmani a cédé aux exigences d'Aziz Akhannouch, principalement la présence de l'USFP au sein de la nouvelle coalition, une question considérée jusqu'alors comme une ligne rouge par Abdelilah Benkirane et d'autres cadres du PJD.
Biographie de M. Saad-Eddine El Othmani, nommé par SM le Roi chef du gouvernement https://t.co/vAKqXCDDhJ pic.twitter.com/UdXChleNsu
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Proche du roi, Aziz Akhannouch est considéré par une partie de la presse comme une courroie de transmission du Palais. "El Othmani a accepté sans ciller des conditions que Benkirane avait refusées, avec le soutien de son parti. Ces conditions ont été imposées par Akhannouch, et donc par le Palais", résumait ainsi l'hebdomadaire TelQuel.
Le numéro 758 de TelQuel est en kiosque.
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Le politologue Mohamed Madani voit dans l'éviction de M. Benkirane le résultat de "cinq mois de mise en place d'un nouveau contre-poids, en donnant une marge de manœuvre importante à Akhannouch, qui s'est entouré d'un cartel de partis pour contrer le PJD". "La monarchie essaye de reprendre la main et revoir la carte du champ institutionnel de sorte à ce que le PJD ne reste plus la force dominante", décrypte-t-il pour l'AFP.
Les concessions faites par le nouveau Premier ministre suscitent des remous au sein du PJD, déjà affaibli par la mise à l'écart de son chef et artisan de ses succès électoraux, après une victoire historique en 2011.
Traditionnellement au Maroc, les lignes idéologiques comptent peu ou pas, alors que le roi, arbitre au dessus des parti et maître du jeu politique, garde la haute main sur les affaires étrangères, la défense ou encore les secteurs clé de l'économie.