Depuis samedi 8 avril, des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes du Maroc contre la flambée des prix des denrées alimentaires. L'appel à la mobilisation a été lancé par la coalition de partis de gauche.
Place Sraghna à Casablanca, samedi 8 avril au soir, plus d'une soixantaine de personnes était présentes pour manifester leur "
ras-le-bol" contre la cherté de la vie. "
Je n'en peux plus, la vie est devenue pénible à cause de la hausse des prix", assure Fouad, 21 ans. Le jeune homme habite dans un quartier populaire de la mégapole marocaine. "
Je sens que je n'ai plus d'avenir", ajoute ce jeune apprenti tailleur.
Des groupes de manifestants se sont également rassemblés à Rabat, Tanger ou Marrakech."
La hausse des prix est une honte", "
notre pays est agricole mais les légumes y sont chers" ont scandé quelque soixante protestataires réunis devant le parlement, à la capitale.
Déjà en décembre dernier, 1 200 à 3 000 Marocains étaient descendus dans les rues Rabat, la capitale, contre "la vie chère et la répression" politique, sur fond d'accélération de l'inflation et de montée de la grogne sociale.
Une inflation record
Ces manifestations surviennent dans un contexte de forte poussée inflationniste. Le taux d'inflation a atteint 9,4% au premier trimestre de 2023 contre 4% à la même période l'an dernier, selon le Haut commissariat au Plan (HCP). Cette inflation est accentuée par la montée en flèche des prix des produits alimentaires (+18,2%) en plein mois sacré du Ramadan, lors duquel le niveau de consommation augmente habituellement.
La croissance, elle, a fait un rebond à +3% au premier trimestre de 2023, contre +0,3% au cours de la même période l'année passée, selon le HCP. Parallèlement, la Banque centrale du Maroc (BAM) a relevé le 21 mars son taux directeur de 50 points de base, à 3%, afin d'enrayer la hausse des prix qui affecte les ménages modestes et vulnérables.
C'est la troisième fois que la BAM augmente son taux directeur depuis septembre 2022. Une décision qui va à l'encontre de la feuille de route du gouvernement qui mise sur une relance économique au royaume.
La gauche fustige le pouvoir en place
Face à ce constat, des groupes de manifestants ont donc décidé de prendre part à l'appel à se mobiliser du Front social, une coalition de partis de gauche et de syndicats. "Nous dénonçons la politique du gouvernement qui avait promis d'être un gouvernement de l'État social, mais qui s'avère être celui des disparités sociales", a déclaré Abdelkader Amri, membre du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail (CDT, gauche).
Le gouvernement marocain est sous le feu des critiques des syndicats, de l'opposition parlementaire et des médias locaux. Au début du mois de mars, le Maroc a officiellement demandé au FMI une ligne de crédit modulable (LCM) de 5 milliards de dollars. L’institution a indiqué être disposée “à continuer d'aider le Maroc à faire face aux risques découlant d'une conjoncture mondiale très incertaine”.