Maroc: rejet de la demande de remise en liberté de l'opposant et avocat Mohamed Ziane
La demande de remise en liberté de l'opposant marocain et ancien ministre Mohamed Ziane, âgé de 79 ans, emprisonné à la suite d'une plainte des autorités, a été rejetée par un tribunal de Raba. C'est ce qu'a indiqué mardi 6 décembre son fils qui est aussi son avocat.
"Nous avons appris mardi auprès du greffe du tribunal que la demande de remise en liberté a été refusée", a déclaré à l'AFP Me Ali Reda Ziane.
"Mais nous continuons à affirmer que la procédure de convocation à comparaître devant le tribunal n'a pas été respectée, ce qui entraîne la nullité de la décision de son incarcération", a estimé l'avocat.
Figure du Hirak marocain
Ex-bâtonnier de Rabat, Mohamed Ziane a été arrêté et incarcéré le 21 novembre après avoir été condamné en appel à trois ans de prison ferme.
Affirmant avoir été jugé "à cause de ses opinions", il s'est pourvu en Cassation.
Avocat célèbre au Maroc, Mohamed Ziane a notamment défendu Taoufik Bouachrine, un patron de presse d'opposition emprisonné depuis 2018 après avoir écopé de quinze ans de prison pour des "agressions sexuelles" contre huit femmes, des accusations qu'il a toujours niées en dénonçant "un procès politique".
Mohamed Ziane a également pris position en faveur du "Hirak du Rif", puissant mouvement social qui a agité cette région montagneuse berbère du nord du Maroc en 2016-2017.
Il a été poursuivi en vertu d'une plainte du ministère de l'Intérieur marocain, pour onze chefs d'accusation, dont ceux d'"outrage à des fonctionnaires publics et à la justice", "injure contre un corps constitué", "diffamation", "adultère" ou encore "harcèlement sexuel".
Mohamed Ziane avait été condamné, le 23 février dernier, à trois ans de prison ferme et à une amende de 5.000 dirhams (470 euros) mais laissé en liberté jusqu'à son procès en appel.
Ancien ministre des droits de l'homme entre 1995 et 1996
Fondateur du Parti marocain libéral (PML) et grand commis de l'État, il s'est fait connaître par des déclarations critiques à l'encontre du pouvoir, en particulier des services de renseignement marocains.
Mohamed Ziane a été ministre des droits de l'Homme entre 1995 et 1996. Proche des cercles du pouvoir, il fut également l'avocat du gouvernement dans les années 1990. Ces dernières années, il est devenu célèbre pour son franc-parler envers l'appareil sécuritaire marocain.