Fil d'Ariane
"Tout être humain doit disposer de son corps. Les lois doivent être réformées et la société suivra !" Comme de nombreuses femmes, Khaoula, étudiante en journalisme de 23 ans, participait pour la première fois à une manifestation. Quelques dizaines de personnes se sont réunies à Rabat à la suite du décès d'une jeune adolescente de 14 ans, Meriem, pendant son avortement clandestin dans le village de Boumia de la province de Midelt au centre du pays.
Selon une coalition d'associations féministes marocaines,"l'avortement s'est déroulé au domicile d'un jeune homme qui exploitait sexuellement la victime."
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Il est primordial de revoir cette loi infondée.
Sarah Benmoussa, une militante
"L'avortement est un des droits de la femme", "la loi m'a tuée", "l'IVG est un soin médical", "respectez mon choix". Devant le parlement de la capitale, les pancartes des manifestantes pointent du doigt la loi "liberticide" qui sanctionne l'avortement. Elle punit l'IVG de six mois à cinq ans de prison sauf quand la santé de la mère est en danger.
Elle conduit près de 600 à 800 femmes à se faire avorter clandestinement chaque jour au Maroc, selon les associations militant pour sa légalisation. "Il est primordial de revoir cette loi infondée. Avoir un enfant devrait être un choix !", affirme Sarah Benmoussa, une militante.
Les revendications de la coalition d'associations féministes marocaines, le "Printemps de la dignité" sont simples. "On demande la dépénalisation de l'avortement depuis déjà une dizaine d'années, explique Fouzia Yassine, l'une de leurs représentantes. On renouvelle cette revendication aujourd'hui. Le législateur est responsable de cette situation et de la violence et difficultés qu'endurent les femmes."
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Le Maroc s'était engagé en 2015 à assouplir "urgemment" sa législation autour de l'avortement face aux conditions sanitaires parfois désastreuses dans lesquelles les avortements étaient pratiqués.
Une commission officielle avait même dans la foulée recommandé que l'avortement devienne autorisé dans "certains cas de force majeure", notamment en cas de viol ou de grave malformation du foetus.
Mais aucune loi n'est depuis venue entériner ces recommandations ardemment soutenues par les activistes des droits des femmes.