A première vue, les électeurs semblent relativement nombreux et calmes. Certains parient sur des fraudes. Mais pour élire ce premier parlement à une seule chambre, les Mauritaniens interrogés louent, pour la plupart, la mise en place du vote.
Des problèmes, il y en a eu pourtant.
A 19 heures locale, heure de fermeture prévue des bureaux, plusieurs centaines d'électeurs attendaient toujours dans la cour du centre de vote de Teyarredt, un quartier populaire de la capitale Nouakchott, a constaté un correspondant de l'AFP.
"Tous ceux qui se trouvent à l'intérieur de la cour pourront voter", ce qui devrait prolonger les opérations de vote jusqu'à "tard dans la nuit", a expliqué le président de ce bureau de vote.
A 18 heures, le taux de participation s'établissait dans une fourchette de 40 à 60% selon les régions, avec une moyenne nationale de 42%, a indiqué à l'AFP un membre de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Dans les bureaux de Nouakchott visités par l'AFP, la participation était de 50 à 55%, à 19 heures.
Les retards s'expliquent par les difficultés de certains électeurs à trouver leur bureau de vote, dont l'emplacement a été changé en dernière minute, et par la complexité des opérations, qui nécessitent d'introduire des bulletins dans cinq urnes correspondant à différents niveaux de pouvoir.
"Nous ne pouvons pas savoir pour le moment quelle est la part de l'incompétence, de l'erreur humaine ou de la volonté de fraude dans ces manquements", a déclaré en fin de journée un leader de l'opposition, Mohamed Ould Moloud.
Après avoir voté dans la matinée, le président Aziz s'est félicité du "caractère apaisé et tout à fait démocratique" de la campagne, marquée pourtant par des invectives entre majorité et opposition dans ce vaste pays aride d'Afrique de l'Ouest, engagé aux côtés de ses alliés régionaux et de la communauté internationale dans la lutte contre le jihadisme au Sahel.
Alors qu'opposants et ONG dénoncent régulièrement des atteintes aux droits de l'homme, l'ancien sénateur Mohamed Ould Ghadda, inculpé pour "corruption", a retrouvé samedi la liberté après plus d'un an en détention provisoire, bien qu'il ait refusé de signer les conditions de son contrôle judiciaire, dont une interdiction de quitter le territoire, selon son avocat.
Mohamed Ould Ghadda avait pris l'an dernier la tête d'une fronde contre la suppression du Sénat voulue par M. Aziz. Le texte a finalement été adopté en août 2017 lors d'un référendum boycotté par une partie de l'opposition.
Pendant la campagne, M. Aziz a affirmé que le pays était "en danger" à cause d'une opposition divisée entre, selon lui, "islamistes dangereux, extrémistes racistes et des résidus d'anciens régimes ayant mis le pays à genoux". "Nous devons les tenir loin des affaires par un vote massif pour l'UPR", le parti présidentiel, a-t-il dit, après avoir affirmé que les islamistes "n'attendent que leur échec politique pour prendre les armes". "C'est M. Aziz qui a pris les armes contre un régime élu et assassiné la démocratie", a rétorqué un responsable du parti islamiste Tewassoul, Jemil Ould Mensour.
L'UPR, large vainqueur des législatives de 2013 boycottées par la quasi-totalité de l'opposition radicale, mise pour convaincre sur une croissance retrouvée et un indice de pauvreté ramené à "31%, contre plus de 40% en 2008", dans un pays d'un peu moins de quatre millions d'habitants dont le taux d'alphabétisation reste faible.
L'opposition quant à elle dénonce une forte baisse du pouvoir d'achat et des indices de développement classant la Mauritanie "au bas de l'échelle à tous les niveaux".