
Fil d'Ariane
La foule est restée toute la journée, jusqu'à la nuit... Et les cris, les slogans de joie et la cohue ont accompagné la sortie de Biram Dah Abeid. Libre enfin. Après des mois de détention préventive, ses propos restent combatifs.
"Je n’ai rien commis. Je n’ai jamais commis de crime. Ça, c’est une manigance des services de renseignements avec leur taupe, avec la complicité des juges qui sont inféodés au pouvoir politique."
La plainte d'un journaliste qui l'avait accusé de menace a été retirée, mais le procès a bien eu lieu, et le député de l'opposition a été condamné à 2 mois de prison ferme, peine déjà purgée. La députée et vice-présidente de l'IRA Coumba Kane est heureuse du dénouement mais dénonce l'archarnement : "Malheureusement, notre président était détenu 4 mois arbitrairement et injustement. Et on demande que ça ne se répète pas dans l’histoire de la Mauritanie."
Dès le matin, les militants de son ONG IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste) s'étaient massés près du tribunal, faisant face à la police, prêts à défendre leur leader. Un leader politique aussi, opposant farouche au président Mohamed Ould Abdel Aziz. Ses proches n'avaient aucune illusion au matin du procès.
"Nous n’attendons rien du gouvernement", déclarait son épouse. "Le verdict qui sera prononcé sera comme les précédents, contre nous."
Biram Dah Abeid va maintenant pouvoir se consacrer à sa prochaine bataille, l'élection présidentielle. Arrivé deuxième en 2014, il s'est déjà déclaré candidat pour le scrutin de juin prochain.