Michel Atangana, détenu 17 ans au Cameroun, puis libéré lundi 24 février, est arrivé quatre jours après à l’aéroport parisien de Roissy. Après avoir retrouvé ses proches et son comité de soutien, il a fait quelques déclarations à la presse. Il s’est dit « extrêmement usé » mais reconnaissant d’être enfin libre. Ce mardi 4 mars, il revient sur ses années de captivité sur le plateau de TV5MONDE.
"La prison est faite pour que chacun puisse payer à la société une dette... mais dans mon cas dès les premiers instants de l'arrestation, j'ai tout de suite compris que je n'étais pas dans un cadre légal de détention", raconte sur notre plateau Michel Atangana. "L'isolement seul est d'une violence extrême." Il ajoute : "La foi est nécessaire dans des instants ultimes".
Les faits
28.02.2014Par Laura Mousset (avec AFP)
Trois jours après sa libération, Michel Atangana, 49 ans, a pu retrouver ses proches, dont ses deux fils de 19 et 23 ans. « Je l’ai quasiment vu pour la première fois aujourd’hui » a déclaré son fils aîné. Ce dernier s’est dit « fier » de son père. « On va prendre le temps de se rencontrer et de reconstruire notre relation, là où on l’avait laissée », a-t-il ajouté. Emu, l’ex détenu a confié : « Le choc est un choc que vous ne pouvez pas imaginer ». Devant ses proches, son comité de soutien et les journalistes présents au pavillon de réception de l’aéroport de Roissy, près de paris, Michel Atanga a expliqué qu’il n’avait pas passé toutes ces années en prison, mais « en cellule, en isolement » dans une geôle de 7 mètres carrés. Le Franco-Camerounais a également tenu à « dire merci » à l’Etat français.
Plus tard dans la journée, il a dû se rendre à l’hôpital du Val-de-Grâce « pour quelques examens médicaux » a précisé la ministre déléguée aux Français de l’étranger, Hélène Conway-Mouret.
Après avoir attendu 17 ans en prison, le Franco-Camerounais a été libéré grâce à un décret de remises de peines collectives signé par le président camerounais, Paul Biya. Le texte « ordonne une remise totale de la peine restant à purger » pour les personnes condamnées pour détournement de fonds publics et « dont la détention a été supérieure à 10 ans de prison ». Les circonstances de ce geste présidentiel ne sont pas connues : la France parle d’une « diplomatie discrète mais efficace ».
En 1997, il est incarcéré pour détournement de fonds publics et condamné à 15 ans de prison (voir notre article détaillé). En octobre 2012, il est de nouveau condamné à 20 ans de prison « pour les mêmes faits » selon ses avocats et l’ONU. Mais Michel Atangana a toujours nié les faits pour lesquels il a été emprisonné. En 2013, il reçoit le soutien du président français, François Hollande. Celui-ci juge la durée de la détention « inadmissible ». En décembre dernier, ses avocats portent plainte contre trois ministres camerounais pour détention arbitraire.
Si l’on ne connaît toujours pas les circonstances précises de la libération de Michel Atangana, une chose est sûre, Paul Biya marque un point de plus dans les relations diplomatiques avec la France. Après la libération de la famille Moulin-Fournier détenue durant deux mois par le groupe terroriste nigérian Boko Haram, et celle du père Vandenbeusch, enlevé par la même secte, puis relâché un mois après, le président français avait longuement remercié son homologue camerounais pour l’aide fournie. La cas de Michel Atangana vient couronner cette série de remises en liberté.