Fil d'Ariane
La compagnie minière canadienne Barrick Gold a annoncé ce mardi 14 janvier suspendre ses opérations sur le site aurifère de Loulo-Gounkoto. Cette suspension intervient après la saisie des stocks d'or par le régime malien, en plein conflit sur le partage des revenus.
Cette photo prise le lundi 22 janvier 2020 montre un chercheur d'or à Kidal, au Mali.
"La société continue à ne pas être autorisée à expédier l'or du complexe minier de Loulo-Gounkoto au Mali. De plus, l’ordonnance de saisie conservatoire à l’encontre du stock d’or a désormais été exécutée par le gouvernement du Mali, qui a transféré le stock d'or existant sur le site à une banque dépositaire", a expliqué la compagnie minière canadienne Barrick Gold dans un communiqué.
"En conséquence, Barrick a été contrainte d’initier la suspension temporaire des opérations tout en continuant à travailler à la recherche d’une résolution", dit-elle.
L'industriel et l'État malien se livrent depuis des mois un bras de fer autour du complexe de Loulo-Gounkoto, dans un contexte général de pression accrue exercée sur les compagnies minières étrangères.
Les militaires arrivés au pouvoir par la force en 2020 cherchent à obtenir une part plus importante des revenus générés par les activités extractives, dont celles du complexe souterrain et à ciel ouvert de Loulo-Gounkoto (ouest), dont Barrick Gold détient 80% et l’État malien 20%.
Les autorités ont mis à exécution le week-end dernier une ordonnance judiciaire de saisie des stocks d'or du site. Un hélicoptère a chargé le métal présent sur le site, a dit un responsable sécuritaire.
Il a emporté plus de trois tonnes, a dit une source industrielle s'exprimant également sous le couvert de l'anonymat.
Interrogée à plusieurs reprises, Barrick n'a pas confirmé la quantité d'or présente sur place ni sa valeur.
Le Mali, l'un des pays les plus pauvres au monde, par ailleurs confronté au djihadisme et à une crise multidimensionnelle, est l'un des premiers producteurs d'or en Afrique. Ce métal précieux contribue à un quart du budget national et à trois quarts des recettes d'exportation.
(Re)voir : Au Sahel, les djihadistes ont pris le contrôle de plusieurs mines d'or
Les autorités maliennes ont déjà inculpé et placé en détention quatre employés maliens de Barrick Gold fin novembre. Elles ont émis en décembre des mandats d'arrêt nationaux contre le PDG sud-africain de la compagnie et le directeur général malien du complexe pour "blanchiment de capitaux".
Elles bloquaient les sorties d'or du site depuis plus d'un mois et demi. La situation était devenue "intenable" après la saisie des stocks, a dit un responsable industriel.
Barrick avait prévenu qu'elle suspendrait ses opérations si le blocage n'était pas levé. Le groupe disait la semaine passée faire travailler 8.000 employés et de nombreux prestataires locaux.
Barrick a redit mardi sa volonté de "trouver une solution à l'amiable qui garantisse la viabilité sur le long terme du complexe". La compagnie a par ailleurs entamé une procédure d'arbitrage international.
La junte a multiplié au nom de la souveraineté les actes de rupture, y compris avec la France, ancienne puissance coloniale et alliée historique. Elle s'est tournée militairement, politiquement et économiquement vers la Russie et un certain nombre d'autres partenaires.