Fil d'Ariane
Abdelaziz Bouteflika est inhumé ce dimanche 19 septembre au carré des martyrs du cimetière d'El Alia à Alger, réservé aux héros de la guerre d'indépendance, mais il aura droit à moins d'honneurs que ses prédécesseurs. Aucun deuil national n'a été annoncé. Chassé du pouvoir en 2019 après vingt ans à la tête du pays, l'ancien président de la république algérienne s'est éteint vendredi 17 septembre à l'âge de 84 ans dans sa résidence médicalisée à Zeralda à l'ouest d'Alger. Selon la télévision d'Etat, il doit être inhumé après la prière de midi.
14h GMT Le message de condoléances du président français Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a qualifié dimanche l'ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika, décédé vendredi à 84 ans, de "figure majeure" de l'Algérie contemporaine et de "partenaire exigeant pour la France" durant ses vingt années au pouvoir.
Le chef de l'Etat français a adressé, dans un communiqué publié par l'Elysée, "ses condoléances au peuple algérien" et déclaré rester "engagé à développer des relations étroites d'estime et d'amitié entre le peuple français et le peuple algérien".
13h GMT Arrivée du convoi de la dépouille d'Abdelaziz Bouteflika au cimetière El Alya
Le puissant chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, un ancien ministre sous Bouteflika, a lui attendu jusqu'à dimanche pour transmettre ses condoléances à la famille.
A l'étranger, le roi du Maroc Mohammed VI a adressé samedi un message de "compassion" à M. Tebboune, en dépit de fortes tensions entre les deux pays.
12h30 GMT Début de la cérémonie d'inhumation d'Abdelaziz Bouteflika
La cérémonie d'inhumation de l'ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika a commencé dimanche en présence de son successeur Abdelmadjid Tebboune et d'autres personnalités, ont constaté des journalistes de l'AFP.
La bretelle d'autoroute d'accès au cimetière a été dégagée pour permettre au convoi officiel d'arriver au cimetière d'El Alia à Alger, où sont enterrés tous les anciens présidents et les héros de la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962).
L'accès à l'intérieur du cimetière a été restreint aux seuls médias nationaux publics.
Le cortège funèbre a parcouru une trentaine de kilomètres entre la région de Zeralda, dans l'ouest d'Alger, où vivait l'ex-président depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, et le cimetière d'El Alia, situé à une dizaine de km du centre-ville.
Selon des images de la télévision El Hayet TV, la dépouille a été portée sur un affût de canon tiré par un véhicule blindé couvert de fleurs.
Outre M. Tebboune, les membres du gouvernement et des diplomates étrangers sont présents au cimetière.
L'exposition de sa dépouille au Palais du peuple à Alger, annoncée initialement, a été annulée, selon des sources concordantes. Pourtant, ce bâtiment d'apparat avait fait l'objet de préparatifs pour un tel recueillement en présence de hauts dignitaires du pays.
C'est au carré des martyrs de ce cimetière que reposent tous ses prédécesseurs, aux côtés des grandes figures et martyrs de la guerre d'indépendance (1954-1962).
Depuis l'annonce de son décès, qui a suscité des réactions embarrassées des autorités, l'incertitude planait sur le lieu où allait être enterré M. Bouteflika et sur l'organisation de ses funérailles.
Affaibli et aphasique après un AVC subi en 2013, M. Bouteflika avait été contraint à la démission le 2 avril 2019, après près de deux mois de manifestations massives du mouvement pro-démocratie Hirak contre son intention de briguer un cinquième mandat consécutif.
A re(lire) :
Au terme de plusieurs heures de flottement sans réaction officielle, le président Abdelmadjid Tebboune, qui fut Premier ministre sous Bouteflika, a décrété samedi 18 septembre, dans un communiqué, la mise en berne du drapeau national "pendant trois jours", pour honorer "l'ancien président, le moudjahid (combattant de l'indépendance, ndlr) Abdelaziz Bouteflika". Mais aucun deuil national n'a été décrété par le gouvernement.
A re(voir) : Qui sera présent aux funérailles d'Abdelaziz Bouteflika ?
Les anciens chefs d'Etat décédés auparavant avaient été enterrés avec les plus grands honneurs à l'instar du premier président de l'Algérie indépendante Ahmed Ben Bella (1963-1965) qui eut droit à des funérailles solennelles après son décès en avril 2012.
Abdelaziz Bouteflika, qui avait alors décrété un deuil national de huit jours, avait personnellement accompagné le cercueil du palais du peuple, où la dépouille avait été exposée, jusqu'au cimetière d'El Alia, en présence de toute la classe politique et des hauts dirigeants du Maghreb.
Le troisième président d'Algérie (de 1979 à 1992), Chadli Bendjedid, à l'origine de la démocratisation des institutions, avait également été enterré avec tous les honneurs en octobre 2012 et un deuil national de huit jours fut aussi décrété après son décès.
Signe de l'embarras des autorités, les médias officiels n'ont évoqué que par des brèves le décès du président déchu, sans lui consacrer d'émissions spéciales, contrairement à ses prédécesseurs.
Ce n'est que samedi soir que la télévision d'Etat a évoqué, brièvement, dans son journal télévisé les principales étapes du parcours politique de près de soixante ans de l'ex-président.
Les atermoiements autour de l'organisation des obsèques illustrent aussi, selon des observateurs, des craintes de manifestations hostiles contre un président à l'image ternie.
Le frère de M. Bouteflika, Saïd, actuellement en prison pour des accusations de corruption, a été autorisé à assister aux funérailles, selon son avocat, Me Salim Hadjouti.
En dépit d'un bilan controversé, "à plus d'un titre, Abdelaziz Bouteflika, chef de la diplomatie pendant 14 ans, président pendant 20 ans, a marqué l'histoire du pays depuis l'indépendance nationale", estime le politologue Mansour Kedidir, jugeant aussi que comme les autres présidents défunts, "il mérite du respect et un certain égard".