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L’écrivain congolais Valentin-Yves Mudimbe s’est éteint dans la nuit du 21 au 22 avril 2025, en Caroline du Nord (États-Unis), à l’âge de 83 ans. Auteur de L’Invention de l’Afrique, il laisse derrière lui une œuvre majeure, fondatrice de la pensée postcoloniale contemporaine.
Valentin-Yves Mudimbe animant une conférence durant une soirée organisée par l'Alliance Française de Nairobi, le 16 décembre, 2019.
Né le 8 décembre 1941 à Likasi, dans l’actuelle République démocratique du Congo, Mudimbe grandit dans un environnement catholique strict, se formant d’abord à la prêtrise avant d’abandonner cette voie en 1962. Il poursuit alors des études de philosophie à l’Université de Louvain, où il obtient un doctorat en 1970. De retour au pays, il enseigne à l’Université nationale du Zaïre (Lubumbashi) et devient une figure intellectuelle centrale à travers des revues et les éditions du Mont-Noir.
En 1979, fuyant le régime de Mobutu, il prend le chemin de l’exil. Il vivra en Europe, puis s’installera durablement aux États-Unis où il enseignera notamment à Stanford.
The Invention of Africa (1988), son essai phare, déconstruit les discours produits par les missionnaires, anthropologues et explorateurs européens, en montrant comment ceux-ci ont fabriqué une image de l’Afrique comme altérité radicale. C’est dans ce cadre qu’il forge le concept de « bibliothèque coloniale ».
Ironie de l’histoire, The Invention of Africa, incontournable dans les universités anglophones depuis sa publication, n’a été traduit en français qu’en 2021. Mamadou Diouf, professeur à Columbia et directeur de la collection qui l’a publié, le rappelait : « Il n’y a pas un étudiant en études africaines qui ne l’ait lu ».
Valentin-Yves Mudimbe laisse une œuvre qui continue de nourrir les débats sur la décolonisation du savoir, et l’autonomie intellectuelle du continent africain.