Mort du pape François : quel héritage pour l’Afrique ?

Premier pape non occidental de l’ère moderne et premier originaire d’un pays du Sud, l’Argentine, François s’est rendu à cinq reprises en Afrique, visitant au total dix pays du continent sur l’ensemble de son pontificat. Quel est aujourd’hui son héritage pour les populations africaines ? Analyse.

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Une femme allume des bougies

Une femme allume des bougies à la mémoire du pape François, lors de la messe du matin à la cathédrale du Sanctuaire d'Adoration, à Goma, en République démocratique du Congo, le lundi 21 avril 2025. 

© AP Photo/Moses Sawasawa
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Un peu plus de huit mois seulement après son élection en mars 2013, le pape François publie une première exhortation apostolique dans laquelle il dénonce le capitalisme et le libéralisme économique. Un texte-programme qui exprime sa sensibilité aux questions de pauvreté et d’exclusion, mais aussi aux enjeux climatiques.

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Originaire d’Amérique latine, où, comme en Afrique, indigence extrême et grande richesse se côtoient toujours massivement aujourd’hui, Jorge Mario Bergoglio se fait d’emblée la voix des sans voix.

« La crise financière que nous traversons nous fait oublier qu’elle a, à son origine, une crise anthropologique profonde : la négation du primat de l’être humain ! Nous avons créé de nouvelles idoles. L’adoration de l’antique veau d’or a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage. », écrit-il.

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Du Kenya à la RDC, en passant par Madagascar ou la République centrafricaine, le pape François a effectué dix visites en Afrique au cours de son pontificat.

Deux ans plus tard, pour l’étape inaugurale de sa première tournée africaine, le pape François se rend dans les bidonvilles de Nairobi, au Kenya. Il y déplore évidemment la coexistence de la misère et de l’opulence, qui, à ses yeux, constitue une honte pour toute l’humanité. 

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Ensuite, le Souverain pontife est allé en Ouganda, puis, pour finir, en République centrafricaine où les tensions étaient alors très vives entre communautés musulmanes, chrétiennes et animistes. Dans ce contexte de guerre civile, le pape François visite la cathédrale de Bangui, mais aussi une mosquée du PK5, quartier populaire de la capitale centrafricaine majoritairement musulman.

Après trois années de violences ininterrompues, cette médiation papale contribue significativement à apaiser les tensions au sein de la classe politique centrafricaine. Une présidentielle est organisée quelques semaines plus tard, immédiatement suivie d’élections législatives. 

Comme nous l’a confié en mars dernier Stan Chu Ilo, prêtre catholique et professeur de recherches en études africaines et en catholicisme mondial : « [Le pape François] a fait écho aux préoccupations des habitants du continent avec son message contre l’impérialisme, le colonialisme, l’exploitation des pauvres par les riches, les inégalités mondiales, le capitalisme néolibéral et l’injustice écologique. »

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Dans un texte adressé aux participants à une conférence sur le thème « Colonisation, décolonisation et néolibéralisme dans la perspective de la justice et du bien commun », organisée en mars 2023, au Vatican, par l’Académie pontificale des sciences sociales, le Souverain pontife écrit : « L’assujétissement et l’exploitation des peuples par l’usage de la force ou par la pénétration culturelle et politique est un crime, car il n’y a pas de possibilité de paix dans un monde qui rejette les peuples pour les opprimer. »

Et comme pour illustrer sa liberté de ton et d’action, le cinquième et dernier voyage apostolique du pape François en terre africaine a été effectué en RDC et au Soudan du Sud, du 31 janvier au 5 février 2023. A Kinshasa, la capitale congolaise, il a dit de la RDC qu’elle « est comme un diamant, de par sa nature, ses ressources, et surtout son peuple ; mais ce diamant est devenu une source de discorde, de violence, et paradoxalement d’appauvrissement du peuple. »