A Maputo, le plus long pont suspendu d'Afrique devrait être inauguré à la fin de l'année. Un ouvrage titanesque, construit et financé par la Chine, mais qui est loin de faire l'unanimité. Son coût : plus de 750 millions de dollars. Explications.
Depuis quelques semaines, Maputo prend des airs de San Francisco. Dans la capitale mozambicaine, la construction du plus long pont suspendu d'Afrique est déjà bien avancée. L'inauguration est prévue pour la fin de l'année.
L'ouvrage doit relier la rive nord de la ville, très dense, à Catembe, un village de pêcheurs encore peu développé.
Pour les promoteurs du projet, ce nouveau pont doit permettre à la capitale de s'étendre vers le sud et de dynamiser son potentiel touristique.
L'extrême sud de Maputo est l'un des seuls endroits au monde où on a une plage, et où on a la brousse, donc on peut avoir une réserve animalière. Vous savez, on a des lions et des éléphants tout près d'ici.
Silva Magaia, directeur de Maputo-Sul
Plus de 750 millions de dollars
D'une longueur totale de 3 km, le pont enjambe la baie à 60 mètres au dessus de l'eau.
C'est une entreprise chinoise qui est chargée de la construction, également financée par un prêt chinois. Mais son coût élevé, plus de 750 millions de dollars, fait grincer des dents les ONG locales, qui critiquent le manque de transparence du projet. Surtout, elles jugent que cet ouvrage gigantesque n'est pas la priorité pour un pays pauvre comme le Mozambique.
On n'a aucun chiffre. Ils font un pont pour environ 100 ou 200 voitures par jour, de chaque côté. 750 millions ? Vous savez combien d'écoles on peut construire avec une telle somme ? Combien d'hôpitaux ?
Erik Charras, opposant au projet
Symbole du boom économique qui a suivi la découverte de gaz dans le nord du Mozambique, ce pont représente un poids supplémentaire pour les finances publiques d'un pays déjà très endetté.
Mais les futurs usagers, eux, se réjouissent. Pour l'instant, ils doivent emprunter un vieux ferry, souvent en panne.
"Oui le coût est très élevé, mais grâce au pont, grâce à la route, il y aura plus de développement. Car on ne peut rien faire sans route. Il faut d'abord une route pour ensuite pouvoir construire des hôpitaux, des écoles."
Pedro Ivan, transporteur et usager du ferry
Ce transporteur emprunte le ferry trois fois par semaine et doit régulièrement attendre trois heures pour y monter.
Grâce au nouveau pont, il ne lui faudra plus que quelques minutes pour traverser la baie.