Fil d'Ariane
Le Niger exporte pour la première fois du pétrole sur les marchés internationaux. Un super tanker a quitté Cotonou avec à son bord un million de barils extraits du bassin d'Agadem. En mars dernier, les autorités béninoises et nigériennes ont inauguré un pipeline géant de 2000 kilomètres de long. L'enjeu est vital pour Niamey. Décryptage.
L'oléoduc entre le bassin d'Agadem et Cotonou fait plus de 2000 kilomètres de long
Les autorités du port de Cotonou ne cachent pas leur satisfaction. Ce premier chargement d'un super tanker annonce la mise en service du pipeline géant de 2000 kilomètres de long entre le champ pétrolifère d'Agadem et le port de Cotonou.
Le projet a été lancé sous la présidence de Mohamed Bazoum. Il était censé s'achever en 2022, mais la pandémie de COVID-19 avait ralenti le chantier. Le pipeline a été finalement inauguré en mars dernier.
Des capitaux chinois ont financé sa construction. La West African Oil Pipeline Company (Wacpo), maître d'ouvrage du projet, est une filiale de la CNPC, la China National Petroleum Corporation. L'or noir est désormais extrait par ce groupe chinois.
Selon l'AFP, la construction du pipeline géant aurait coûté plus de 2,3 milliards de dollars. Pour exploiter les champs pétroliers d'Agadem, situés dans l'est du Niger non loin de la frontière avec le Nigeria, plus de 4 milliards de dollars ont été investis.
Des investissements qui ont permis de porter la production pétrolière du Niger à 110.000 barils par jour dont 90.000 doivent être exportés quotidiennement.
Ce bassin s'étend sur une zone (la région de Difa) en partie contrôlée par des groupes armés. Le pouvoir militaire nigérien a décidé d'envoyer plus de 700 militaires pour assurer la sécurité de ces champs de pétrole.
Le Niger mise tout sur l'or noir pour doper son budget national. Les revenus tirés de l'uranium de la mine d'Arlit se sont effondrés ces dernières années. La France, son principal client, se fournit désormais dans des pays d'Asie centrale comme le Kazakhstan.
Les autorités nigériennes estiment que les exportations de pétrole devraient générer le quart du PIB du pays. C'est à dire plus de 13,6 milliards de dollars selon les projections de la Banque mondiale.
Officiellement, les réserves du Niger sont évalués à deux milliards de barils. Et selon les projections officielles, le pays en produira 200.000 par jour en 2026.
Le Bénin, grâce aux droits de passage, espère également tirer des bénéfices de la mise en route de ce pipeline géant.