Fil d'Ariane
Plusieurs pays appellent ce 15 août à une résolution paficique de la crise au Niger à deux jours d'une réunion militaire ouest-africaine devant évoquer une possible intervention armée pour rétablir le président Mohamed Bazoum.
Deux hommes drapés dans les drapeaux de Russie et du Niger vont rejoindre la manifestation anti-Française à Niamey le 11 août 2023.
"Nous restons concentrés sur la voie diplomatique pour obtenir (...) le retour à l'ordre constitutionnel, et je crois qu'il continue d'exister une marge pour obtenir ce résultat par la diplomatie", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken à la presse.
Plus tôt dans la journée, le président russe Vladimir Poutine et son homologue malien Assimi Goïta, arrivé au pouvoir par un putsch en 2020, ont souligné lors d'un entretien téléphonique "l'importance de régler la situation" au Niger, "uniquement par des moyens pacifiques politico-diplomatiques".
Le Mali, pays voisin du Niger, a très rapidement affiché sa solidarité avec les militaires au pouvoir à Niamey.
Ce 15 août, le nouveau Premier ministre nommé par les militaires à Niamey, Ali Mahaman Lamine Zeine s'est rendu à N'Djamena où il a été reçu par le président de transition tchadien Mahamat Idriss Deby Itno, pour une "visite de travail", ont annoncé les autorités de ce pays voisin du Niger.
Le Premier ministre Zeine, accompagné de deux cadres du régime militaire, a apporté un "message" du nouvel homme fort de Niamey, le général Abdourahamane Tiani, pour exprimer sa "fraternité" et "renouveler le sentiment de bon voisinage" entre les deux pays, insistant toutefois sur "l'indépendance" du Niger.
Le Tchad, importante puissance militaire africaine, avait indiqué la semaine dernière qu'il ne participerait à aucune intervention militaire aux côtés de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à laquelle il n'appartient pas.
Mais la pression reste forte sur les militaires au pouvoir à Niamey.
Une réunion des chefs d'état-major de la Cédéao, initialement prévue le 12 août, se déroulera les 17 et 18 août à Accra, la capitale ghanéenne, selon une source militaire régionale et une source au sein de l'organisation régionale.
Elle se tiendra une semaine après la décision de la Cédéao de déployer une "force en attente", pour rétablir dans ses fonctions Mohamed Bazoum, le président du Niger renversé par un coup d'État militaire le 26 juillet.
Les militaires au pouvoir au Niger ont par ailleurs haussé le ton le 14 août soir face à la menace d'une intervention armée. Ils ont rappelé l'ambassadeur du Niger à Abidjan pour "consultation", après des propos du président ivoirien Alassane Ouattara qui a fait, selon eux, "l'apologie de l'action armée" contre leur pays.
Le 10 août, le président Ouattara avait déclaré que les chefs d'État étaient d'accord pour qu'une opération militaire "démarre dans les plus brefs délais", s'engageant à fournir un bataillon.
Le régime militaire à Niamey a dénoncé l'"empressement" de M. Ouattara à "voir se réaliser cette agression en tout point illégale et insensée contre le Niger".
Ce 15 août un container était disposé en travers de la route qui relie le Bénin au Niger à Malanville, seule frontière terrestre entre les deux pays, selon le témoignage de plusieurs habitants côté béninois.
Selon ces sources, ce container - qui bloque totalement le passage - aurait été disposé côté nigérien pour empêcher une éventuelle intervention militaire par cette frontière.
La Cédéao a dénoncé "une nouvelle provocation" des militaires au pouvoir à Niamey qui ont annoncé leur intention de poursuivre devant les tribunaux le président déchu Mohamed Bazoum "pour haute trahison".
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Ces derniers assurent avoir réuni des "preuves", en s'appuyant sur des "échanges" qu'aurait eu Mohamed Bazoum avec des "nationaux", des "chefs d'État étrangers" et des "responsables d'organisations internationales", une "invention mensongère", selon le parti du président renversé.
Ce dernier est retenu depuis le coup d'État dans sa résidence présidentielle, avec son fils et sa femme.
Mais la voie du dialogue n'est pas abandonnée : le 12 août, une délégation de chefs religieux nigérians musulmans qui s'est rendue à Niamey a assuré que le général Abdourahamane Tiani était prêt à "explorer la voie de la diplomatie et de la paix afin de résoudre" la crise.
Et la Cédéao a répété la semaine dernière sa préférence pour privilégier la "voie diplomatique".
Depuis le 30 juillet, ce pays sahélien enclavé et miné par la violence de divers groupes armés djihadistes, est sous le coup de lourdes sanctions financières et commerciales imposées par la Cédéao.
L'Alliance Sahel, plateforme internationale coordonnant l'aide à la région, s'est dite "particulièrement préoccupée" par les implications du coup d'État "sur les populations les plus vulnérables et par les informations relatives à la restriction croissante des droits de l'homme et du citoyen".
L'Alliance Sahel réunit plusieurs pays et institutions internationales comme la France, l'Allemagne ou les États-Unis qui ont suspendu leur programmes d'aides au Niger.