Fil d'Ariane
Les chefs d'état-major des armées ouest-africaines se réunissent au Ghana depuis la mi-journée ce jeudi 17 août. Une réunion censée durer deux jours pour discuter des modalités d'une éventuelle intervention armée au Niger pour rétablir le président Bazoum. Une intervention encore hypothétique.
Les responsables militaires de la Cédéao lors d'une réunion début août à Abuja.
Une réunion militaire ouest-africaine cruciale. Elle se déroule au camp Burma, à Accra, siège du ministère de la Défense et des forces armées ghanéennes. Les détails de l'intervention militaire envisagée dans le but de réinstaller dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum renversé par le coup d'État du 26 juillet doivent y être abordés.
"L'objectif de notre réunion n'est pas simplement de réagir aux évènements mais de dessiner de manière proactive un chemin qui mène à la paix et soutient la stabilité", a déclaré le chef d'état-major du Nigeria, le général Christopher Gwabin Musa, à l'ouverture de cette rencontre.
Si l'option d'une opération armée reste sur la table, la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) semble encore privilégier la voie du dialogue et de la diplomatie avec le régime militaire au pouvoir à Niamey.
Dans un article publié ce jeudi 17 août au matin, le site de RFI pointe d'ailleurs un certain nombre d'obstacles à la mise en oeuvre d'une réponse militaire. Parmi ces obstacles, des divisions au sein de la Cédéao, le Cap Vert étant officiellement opposé à l'option armée. Une opposition exprimée également par les sénateurs nigérians. Abuja est pourtant à la tête du "camp" favorable à l'intervention militaire. RFI souligne également des réserves plus techniques liées, notamment, au nécessaire feu vert onusien avant toute intervention armée.
Attaque meurtrière
Cette rencontre intervient deux jours après qu'au moins 17 soldats nigériens ont été tués et 20 autres blessés dans une attaque de jihadistes présumés, dans le sud-ouest du Niger près de la frontière du Burkina Faso. Condamnant "fermement" ces attaques, l'organisation a appelé le régime militaire de Niamey à "rétablir l'ordre constitutionnel" dans le pays pour se concentrer "sur la sécurité" qui s'est "davantage fragilisée depuis la tentative de coup d'État". L'attaque de mardi est la plus meurtrière depuis le coup d'État des militaires et du général Abdourahamane Tiani, à leur tête, qu'ils justifient par "la dégradation de la situation sécuritaire".
Les appels à un règlement pacifique de cette crise se sont multipliés ces derniers jours, y compris parmi certains partenaires occidentaux comme les États-Unis qui ont annoncé mercredi qu'une nouvelle ambassadrice, Kathleen FitzGibbon, s'installerait bientôt à Niamey.
"Ce n'est pas le signe d'un changement de politique des États-Unis mais de leur implication continue" pour trouver un solution diplomatique, a toutefois précisé un porte-parole du Département d'État.
Le nouveau régime nigérien cherche aussi des alliés dans la région. Mardi, le Premier ministre nommé par les militaires à Niamey, Ali Mahaman Lamine Zeine, s'est rendu à N'Djamena où il a été reçu par le président de transition tchadien Mahamat Idriss Deby Itno.
Pour la première fois, il a dit que son pays était "dans un processus de transition", sans toutefois en préciser sa durée avant d'éventuelles élections pour un retour à l'ordre constitutionnel.
Le Tchad, une importante puissance militaire de la région du Sahel, avait annoncé la semaine dernière qu'il ne participerait à aucune intervention militaire aux côtés de la Cédéao, à laquelle il n'appartient pas.
Le Mali et le Burkina Faso voisins, eux aussi dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d'État en 2020 et 2022, ont rapidement affiché leur solidarité envers les généraux de Niamey.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti mercredi que les sanctions régionales imposées par la Cédéao et les fermetures de frontières "affectaient grandement l'approvisionnement du Niger en denrées alimentaires vitales et en fournitures médicales", demandant "instamment à toutes les parties de faciliter les exemptions humanitaires".
Ces derniers restent pour l'heure inflexibles et retiennent prisonnier le président Mohamed Bazoum depuis le 26 juillet, qu'ils comptent poursuivre pour "haute trahison".
Ils estiment qu'une opération militaire contre leur pays serait une "agression illégale et insensée" et ont promis une "riposte immédiate" à toute agression.
L'armée nigérienne est mobilisée depuis des années dans la lutte contre les jihadistes, notamment dans l'immense région de Tillabéri, située dans la zone dite des "trois frontières" entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, où l'attaque de mardi a eu lieu.
Avant le coup d'État, la France, l'ex-puissance coloniale qui dispose de 1.500 soldats au Niger, participait activement avec l'armée nigérienne à la lutte contre ces groupes djihadistes. Elle est depuis devenue l'une des cibles privilégiée du nouveau régime à Niamey qui l'accuse d'influer sur les décisions de la Cédéao.