Fil d'Ariane
Ce 24 février, la Secrétaire générale de la Francophonie Louise Mushikiwabo "condamne fermement les violences post-électorales qui ont suivi la publication des résultats électoraux provisoires" et appelle les parties prenantes à recourir "en cas de contestations aux voies légales et au dialogue".
Selon le communiqué, la Secrétaire générale Louise Mushikiwabo estime que "le processus électoral a été conduit de manière consensuelle, inclusive et transparente [....] et elle prend note de la publication des résultats électoraux provisoires par la Commission électorale nationale indépendante, conformément aux dispositions légales et électorales".
La secrétaire générale souligne que "les parties prenantes nigériennes ont participé inclusivement aux opérations électorales, notamment à la centralisation et à la validation des résultats électoraux dans les différentes phases, communales, régionales et nationales".
Le candidat de l'opposition, Mahamane Ousmane, a revendiqué la victoire à la présidentielle de dimanche dans un discours reçu par la presse ce mercredi 24 février.
Mahamane Ousmane depuis son fief de Zinder (sud-est) affirme que "la compilation des résultats des PV en notre possession à travers nos délégués dans les différents bureaux de vote nous donnent gagnants avec 50,3% des voix" .
Mohamed Bazoum, très proche du président sortant Mahamadou Issoufou qui ne se représentait pas, a obtenu 55,75% des voix contre 44,25% à Mahamane Ousmane, un ancien président dans les années 1990, selon les résultats annoncés par la Céni. Provisoires, ils doivent être confirmés par la Cour constitutionnelle.
Le taux de participation au second tour de dimanche a été de 62,91% : Bazoum a recueilli 2.501.459 voix contre 1.985.736 pour Ousmane, sur un total de 7,4 millions d'électeurs appelés à voter.
Mohamed Bazoum avait récolté 39,3% des suffrages au premier tour du 27 décembre 2020, contre presque 17% pour Mahamane Ousmane.
L'accès au réseau Internet était très réduit ce mercredi matin dans la capitale Niamey et à Zinder, deuxième ville du pays, selon un constat de l'Agence France-Presse, sans qu'un lien direct avec la revendication de M. Ousmane puisse être clairement établi.
Cette annonce a été suivie par des heurts dans la capitale, où des manifestants ont jeté des pavés sur les forces de l'ordre qui ont répondu par des gaz lacrymogènes. Dans le quartier central du grand-marché, une station essence Total a été vandalisée.
Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont également été constatés par des journalistes de l'Agence France-Presse. La nuit précédente, plusieurs villes du pays avaient été secouées par d'autres affrontements et notamment l'incendie du siège d'un parti allié au pouvoir, à Dosso (sud-ouest).
Mardi, la Céni avait donné vainqueur avec 55,75% des voix Mohamed Bazoum, dauphin du président sortant Mahamadou Issoufou. Juste avant la proclamation de ces résultats, l'opposition avait exigé "la suspension immédiate de la publication des résultats". Falké Bacharou, directeur de campagne de Mahamane Ousmane a déclaré : "Je demande à tous les Nigériens (...) de se mobiliser comme un seul homme pour faire échec à ce hold-up électoral".
(RE)voir : Présidentielle au Niger : Mohamed Bazoum déclaré vainqueur, l'opposition conteste les résultats
Bazoum l'a très largement emporté dans les régions de Tahoua (sud-ouest), fief d'Issoufou, et celles d'Agadez (centre) et de Diffa (sud-est). La région de Tillabéri, dans l'ouest, en proie à l'insécurité liée à la présence des djihadistes du groupe Etat islamique, a elle majoritairement voté pour Ousmane, comme la capitale Niamey qui reste un fief de l'opposition.
La vraie réussite du scrutin dans ce pays sahélo-saharien à l'histoire marquée par les putschs et déjà confronté à de multiples défis - dont celui des attaques djihadistes - réside dans l'acceptation des résultats par toutes les parties, selon de nombreux observateurs.
Entre les deux tours, l'opposition avait déclaré qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats si elle les estimait entachés de fraudes. Elle avait déjà dénoncé des irrégularités lors du premier tour, avant d'être déboutée par la justice.