Niger : le général Tiani promet une transition de trois ans, manifestations de soutien à Niamey

Le général Abdourahamane Tiani a annoncé une période de transition de trois ans maximum. Il a une de nouveau mis en garde les pays étrangers contre une éventuelle intervention militaire. Des manifestations de soutien ont eu lieu à Niamey. 

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Niger général Tiani 20082023

Samedi 19 août 2023, le général Tiani, Président du Conseil National Pour la Sauvegarde de la Patrie au Niger, a donné une allocution télévisée diffusée par l'
ORTN-Télé Sahel. 

ORTN-Télé Sahel - capture d'écran
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Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche matin à Niamey en soutien au régime militaire qui a annoncé la veille envisager une transition de trois ans maximum, tandis que la menace d'une intervention militaire ouest-africaine plane toujours sur le Niger.

Comme lors de chaque manifestation favorable au nouveau régime, de nombreux slogans hostiles à la France et à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cedeao) étaient scandés ou affichés sur des pancartes, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Non aux sanctions", "halte à l'intervention militaire", pouvait-on notamment lire, sur la place de la Concertation à Niamey.

Cette manifestation intervient au lendemain d'un discours télévisé du nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum lors d'un coup d'Etat le 26 juillet.

Dans cette allocution, il a esquissé un premier calendrier de transition.

Annonçant le lancement d'un dialogue national, il a précisé que la durée de la transition n'excéderait pas "trois ans".

Image retirée.

Image tirée d'une vidéo de l'ORTN-Télé Sahel, le 19 août 2023, du général Abdourahamane Tiani, nouvel homme fort du Niger, lors d'une intervention à la télévision nationale

 Une délégation

Plus tôt dans la journée, il avait rencontré une délégation de la Cedeao conduite par l'ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar, venue négocier une sortie de crise.

Contrairement à une précédente médiation ouest-africaine, début août, cette fois les émissaires ont donc pu échanger avec le général Tiani mais aussi rencontrer Mohamed Bazoum, retenu prisonnier depuis le coup d'Etat.

Ce dernier est apparu sur des images de la télévision nigérienne souriant, lors de cette rencontre.

Le président renversé Bazoum "a le moral", a assuré une source au sein de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest, précisant que le président renversé n'a "toujours pas" d'électricité. 

"Il y a de l'espoir, pas de doute", a déclaré M. Abubakar, estimant que la visite de la délégation a permis de "trouver une clé pour poursuivre les pourparlers jusqu'au dénouement de cette difficile affaire".

 

niger - le président bazoum "a le moral"

De gauche à droite : le président de la Commission de la Cédéao, Mousa Tourey, l'envoyé spécial de la Cédéao au Niger, le général Abdulsalami Abubakar, le président renversé Mohamed Bazoum et le sultan de Sokoto Alhaji Muhammad Saad Abubakar III. Ils posent à Niamey au Niger, le samedi 19 août 2023. 
 

AP

"Agression"

Mais la sortie de crise est encore loin d'être acquise car la Cedeao exige le rétablissement dans ses fonctions de M. Bazoum et sa libération immédiate.

Or, dans son discours de samedi soir, le général Tiani n'a pas mentionné une seule fois le président déchu.

L'organisation ouest-africaine, qui a pris de lourdes sanctions économiques contre le Niger depuis le 30 juillet, menace d'utiliser la force si elle n'obtient pas gain de cause.

 

Vendredi soir, après une réunion de ses chefs d'état-major, elle a même indiqué que le "jour de l'intervention a été fixé", tout comme les "objectifs stratégiques, l'équipement nécessaire et "l'engagement des Etats membres". Aucun calendrier n'a toutefois été dévoilé.

Une menace prise au sérieux par le général Tiani qui a prévenu samedi soir que le Niger ne resterait pas les bras croisés en cas d'intervention.

"Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient", a-t-il affirmé, assurant que la Cedeao souhaitait mettre "sur pied une armée d'occupation en collaboration avec une armée étrangère", sans citer de pays.

Dimanche au Vatican, le pape François a appelé à une "solution pacifique le plus tôt possible", disant se joindre "à l'appel des évêques en faveur de la paix dans le pays et de la stabilité au Sahel".

La veille, l'Algérie qui partage une longue frontière avec le Niger avait fait de même.

"Avant que l’irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l’engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Niamey se prépare 

L'option militaire est brandie par la Cédéao depuis plusieurs semaines. Le 10 août, les dirigeants ouest-africains avaient ordonné le déploiement d'une "force en attente", dont les contours ont été dessinés vendredi à Accra, sans en donner les modalités ou le calendrier.

Du côté de Niamey, les militaires assurent que la population soutient leur prise de pouvoir.

Samedi matin, des milliers de volontaires se sont rassemblés aux abords du stade Seyni Kountché, dans le centre-ville de la capitale. Ils ont répondu à un appel de plusieurs organisations pour se faire inscrire sur des listes en tant qu'auxiliaires civils. Ils seront désormais potentiellement mobilisables en soutien des forces armées, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le Niger lutte depuis plusieurs années contre des groupes jihadistes sur divers pans de son territoire.

 

Un de ses alliés traditionnels, les Etats-Unis qui déploient quelque 1.100 soldats, ont annoncé l'arrivée d'une nouvelle ambassadrice. Kathleen FitzGibbon ne présentera cependant pas officiellement sa lettre de mission aux nouvelles autorités, a précisé Washington, qui ne les reconnaît pas.

Les attaques sanglantes des groupes jihadistes n'ont quant à elle pas faibli. Mardi, au moins 17 soldats ont été tués dans une attaque près du Burkina Faso, la plus meurtrière depuis le coup d'Etat.