Niger : le patron du quotidien "L'Enquêteur" libéré provisoirement

La justice nigérienne a accordé la liberté provisoire au directeur du quotidien "L'Enquêteur", Idrissa Soumana Maiga, emprisonné depuis fin avril pour "atteinte à la défense nationale".

Image
Idrissa Soumana Maiga (D.R.)

Idrissa Soumana Maiga (capture d'écran Comittee to Protect Journalists)

Mohamadou Harouna D.R.
Partager1 minute de lecture

Soumana Maiga "a été libéré mardi [le 9 juillet] après-midi, il est chez lui et se repose", a affirmé à l'AFP Harouna Mamoudou, un rédacteur du journal. Il a précisé qu'Idrissa Maiga a bénéficié "d'une libération provisoire", après "deux mois et deux semaines de détention". 

Idrissa Soumana Maiga avait été interpellé par la police le 25 avril et placé sous mandat de dépôt quatre jours plus tard à la prison de Niamey par un juge d'instruction pour "atteinte à la défense nationale", avait déclaré son avocat Kafougou Ousmane Ben.

Selon Maître Ousmane Ben, l'inculpation de son client était liée à un article paru le 25 avril dans L'Enquêteur sous le titre: "Installation présumée d'équipements d'écoute par des agents russes sur les bâtiments officiels". "Qui cherche-t-on précisément à surveiller et pourquoi?", écrivait notamment le quotidien.

Voir Russie : Sergueï Lavrov en tournée sur le continent africain

Le Cadre d'actions des professionnels de médias (CAPM), regroupement de journalistes locaux récemment créée avait dénoncé cette arrestation et exigé sa "libération".

Le Niger a perdu deux places en un an dans un classement de la liberté de la presse dans le monde établi par Reporters sans frontières (RSF), passant de 59ème en 2022 à 61ème en 2023.
Mi-juin, une loi de 2019 réprimant la diffusion numérique de "données de nature à troubler l'ordre public" a été durcie avec de possibles peines de prison pour les contrevenants.
Le pays est dirigé depuis le 26 juillet 2023 par un régime militaire qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, séquestré depuis.

En quelques mois, les nouvelles autorités de Niamey ont remis à plat leurs partenariats internationaux: ils ont exigé et obtenu le départ des soldats de l'ex-puissance coloniale française déployés pour la lutte antidjihadiste et se sont notamment rapprochés de la Russie.

Le 10 avril, une centaine d'instructeurs russes sont arrivés à Niamey et le Niger a également réceptionné sa première livraison de matériel militaire russe. Les instructeurs russes viennent installer au Niger "un système de défense anti-aérien" et "assureront une formation de qualité" aux militaires nigériens "pour son utilisation efficiente", selon les autorités.

Voir Niger : les soldats américains bientôt remplacés par des soldats russes

Le Niger est confronté à la violence de groupes djihadistes depuis plusieurs années, tout comme ses voisins, le Burkina Faso et le Mali, eux aussi gouvernés par des militaires et avec lesquels il a formé une confédération.