Fil d'Ariane
Les auteurs du coup d'État au Niger ont annoncé leur intention de "poursuivre" le président renversé Mohamed Bazoum pour "haute trahison" et "atteinte à la sûreté" du pays.
Le président nigérien Mohamed Bazoum au palais présidentiel de Niamey, Niger, le 16 mars 2023. @Boureima Hama/Photo via AP.
"Le gouvernement nigérien a réuni à ce jour" les "preuves pour poursuivre devant les instances nationales et internationales compétentes le président déchu et ses complices locaux et étrangers, pour haute trahison et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger", déclare le colonel-major Amadou Abdramane, un des membres du régime, dans un communiqué lu à la télévision nationale.
Le gouvernement appuie ses accusations sur des "échanges" de Mohamed Bazoum avec des "nationaux", des "chefs d'État étrangers", et des "responsables d'organisations internationales". Avant le coup d'État, Mohamed Bazoum s'est entretenu plusieurs fois avec des représentants des pays alliés au Niger.
À propos du président séquestré, le régime a appelé à "s'interroger sur la sincérité de sa prétention à soutenir qu'il est séquestré, alors même que les militaires n'ont jamais investi sa résidence présidentielle et qu'il dispose encore de tous les moyens de communication".
Les militaires assurent que Mohamed Bazoum "reçoit régulièrement la visite de son médecin". "Après cette visite, le médecin n'a soulevé aucun problème quant à l'état de santé du président déchu et des membres de sa famille", ont-ils ajouté. Selon un conseiller du président renversé, une consultation a eu lieu le 12 août.
Mohamed Bazoum, retenu dans sa résidence présidentielle depuis le jour du coup d'État avec son fils et sa femme, avait déclaré dans plusieurs médias être un "otage", puis privé d'électricité et contraint de ne manger que du riz et des pâtes.
En outre, le régime militaire a dénoncé "les sanctions illégales, inhumaines et humiliantes de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest)", prises lors d'un sommet de l'organisation le 30 juillet. Les États ouest-africains ont annoncé entre autres la suspension des transactions financières et commerciales avec le Niger.
Ces sanctions "vont jusqu'à priver le pays de produits pharmaceutiques, de denrées alimentaires" et de "fourniture en courant électrique", ont déploré les militaires dans leur communiqué. Ils indiquent que "toutes les dispositions urgentes sont en train d’être prises pour atténuer au maximum l’impact des sanctions".
Concertant les personnes proches du régime déchu arrêtées depuis le coup d'Etat, les militaires au pouvoir ont ajouté qu'ils "réaffirment leur ferme volonté de respecter (...) les engagements du Niger en matière de droits de l'homme".