Fil d'Ariane
La France rejette la demande de départ de son ambassadeur au Niger. Le ministère des Affaires étrangères français estime que"les putschistes n'ont pas autorité" pour une telle requête.
Images d'une manifestation favorable aux auteur du coup d’État le 27 juillet à Niamey.
"La France a pris connaissance de la demande des putschistes", indique ainsi le ministère des Affaires étrangères à l'AFP. "Les putschistes n'ont pas autorité pour faire cette demande, l'agrément de l'ambassadeur émanant des seules autorités légitimes nigériennes élues", ajoute le Quai d'Orsay.
Le régime militaire qui a pris le pouvoir le 26 juillet à Niamey avait fait savoir plus tôt qu'il donnait 48 heures à Sylvain Itté pour quitter le territoire nigérien, arguant que celui-ci avait refusé "de répondre à l'invitation (...) pour un entretien" vendredi 25 août.
Il a aussi mis en avant "d'autres agissements du gouvernement français contraires aux intérêts du Niger". Depuis le coup d’État, la France estime que la seule autorité légitime au Niger reste celle du président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement. Celui-ci est actuellement retenu au Palais présidentiel par les militaires.
Le pouvoir militaire nigérien a réagi aux propos du Quai d'Orsay dans un communiqué du ministère des affaires étrangères. "Le Niger n'a nullement besoin d'une autorisation ou d'une interprétation de la Convention de Vienne de 1961 pour exercer ses prérogatives et faire quitter l'Ambassadeur Sylvain Itté", estime le pouvoir militaire nigérien. La Convention de Vienne sur les relations diplomatiques est un traité international qui régit les règles diplomatiques entre les États, l'immunité du personnel diplomatique et l'inviolabilité des ambassades.
L'article 9 de la convention stipule que lorsque deux États ont des relations diplomatiques établies, l'un des deux États peut rompre la relation diplomatique et déclarer le personnel de l'ambassade persona non grata. L'article 22 indique que le territoire d'une ambassade est inviolable.
De manière similaire, début août, Paris avait rejeté la dénonciation des accords par les militaires putschistes.
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères précise également que les autorités nigériennes n'ont jamais ordonné aux ambassadeurs d'Allemagne, du Nigéria et des États-Unis d'Amérique de quitter le territoire du Niger.
La France déploie au Niger 1.500 hommes qui aidaient le régime du président Bazoum à lutter contre les groupes jihadistes qui ensanglantent depuis des années ce pays et une grande partie du Sahel.