Fil d'Ariane
Les militaires auteurs du coup d'État au Niger ont demandé à la délégation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) de "revenir" à Niamey, a affirmé lundi le Premier ministre nigérien du président Bazoum, Ouhoumoudou Mahamadou lors d'une interview accordée à TV5MONDE.
Le Premier ministre nigérien du président Bazoum, Ouhoumoudou Mahamadou était sur le plateau du 64' sur TV5MONDE, le 07 août 2023.
Les militaires ont "demandé à la délégation de la Cédéao de revenir", ils "seront à Niamey probablement aujourd'hui (lundi) ou demain", a-t-il déclaré.
La délégation de la Cédéao arrivée jeudi soir à Niamey pour trouver une sortie de crise était repartie quelques heures plus tard, sans avoir rencontré ni le chef des militaires au pouvoir, le général Abdourahamane Tiani, ni le président renversé Mohamed Bazoum.
Le lendemain de l'expiration de l'ultimatum posé par la Cédéao aux militaires au pouvoir pour rétablir l'ordre constitutionnel (avant dimanche 23h GMT), l'organisation ouest-africaine, qui avait menacé d'utiliser la "force", a annoncé que ses dirigeants se réuniront jeudi à Abuja, au Nigeria, pour un "sommet extraordinaire".
Vendredi dernier, les chefs d'état-major de la Cédéao avaient défini les contours d'une "éventuelle intervention militaire" contre les auteurs du coup d'État, selon un responsable de l'organisation.
Alors qu'aucune intervention militaire n'a eu lieu pour le moment, "nous ne sommes pas déçus, parce que notre objectif, ce n'est pas l'intervention militaire. Notre objectif, c'est la restauration de la démocratie et la fin de la séquestration du président Bazoum", a assuré Ouhoumoudou Mahamadou.
Le Premier ministre a indiqué que les conditions de vie du président Mohamed Bazoum, séquestré depuis le jour du coup d'État, le 26 juillet, avec son fils et sa femme, se durcissent. "On leur a coupé l'électricité, on leur a coupé l’eau", a-t-il déploré.
"La négociation est encore possible", a-t-il lancé.
Il a dit ne pas être "surpris" par les manifestations de soutien aux militaires, affirmant que "pour remplir le stade comme cela a été fait, il suffit de mettre les moyens, de promettre des per diem à ceux qui (y) participent", en référence aux 30.000 partisans du coup d'État rassemblés dimanche 6 août, au stade Seini Kountché à Niamey.
Enfin, selon Ouhoumoudou Mahamadou, le "sentiment anti-français", exprimé par des drapeaux et des slogans hostiles à la France lors des manifestations pro-militaires à Niamey, est "une manipulation" par "un petit groupuscule d'acteurs soi-disant de la société civile".
"Ce que nous attendons de la France, c'est qu'elle continue de soutenir le Niger", a-t-il ajouté.