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Niger : une loi de finances qui ne passe toujours pas

A Niamey, manifester le dimanche est devenu une habitude. C'est le 18e jour de mobilisation contre la loi de finances et cette fois-ci la manifestation n’a pas été interdite par les autorités.
Beaucoup de nigériens refusent les mesures qu’apporte la loi, car ils les jugent antisociales, avec de nouvelles taxes qui ne font qu’augmenter le coût de la vie. Alors depuis le début de l’année la société civile manifeste régulièrement. Elle dénonce les « cadeaux fiscaux » faits aux multinationales installées dans le pays, notamment les opérateurs de téléphonie cellulaire. 
 
Personnellement, ce n’est pas pour répondre à l’appel d’un parti politique ou même de la société civile, c’est pour exprimer mon mécontentement par rapport à ce que je vis dans ma chair tous les jours. Je pourrais illustrer ceci rien que par la facture d’électricité. En octobre 2017, je payais 40 798. En mai 2018, je paie 80 269. Ca a presque doublé. Ce n’est plus soutenable. (…)  Et les salaires n’ont pas augmenté. »
Adamou Amadou, manifestant
La loi de Finances 2019 reprend les mêmes principes que celle de 2018 mais prévoit l’extension de l’assiette fiscale à de nouvelles catégories de contribuables, comme les opérateurs du secteur informel. Un moyen pour l’Etat d’augmenter les ressources de son budget.

Pour Hassoumi Massaoudou, le ministre des Finances qui a porté la loi devant les députés, il n’ y a aucun regret à avoir. Face aux questions de TV5MONDE il réaffirme qu’il s’agit avant tout d’une loi de partage.

« Ces nouvelles recettes fiscales qu’on a mobilisées, elles servent à quoi ? Elles servent à maintenir les services publics. Le service public de santé qui lui s’adresse aux pauvres, le service public de l’éducation qu’il faut financer, qui lui s’adresse aux pauvres. Il faut bien prendre aux uns pour donner aux pauvres ! » déclare le ministre des Finances.
 
Nous ne sommes pas là aussi pour tuer l’économie, nous créons les conditions de la croissance économique et nous avons des indicateurs, une croissance qui s’améliore.
Hassoumi Massaoudou, ministre des Finances nigérien
Un avis que ne partage pas Nouhou Arzika. Comme d’autres meneurs de la société civile il a fait de la prison pour s’être soulevé contre le projet, en organisant des marches interdites par les autorités. Récemment libéré, sa motivation demeure intacte. Pour lui cette loi est un véritable non-sens. 
 
Voilà que dans le projet 2019, loin de voir le gouvernement revenir sur ces mesures antisociales et impopulaires, il prévoit d’ajouter encore de nouvelles mesures antisociales ( …) Surtout ce qui est dramatique, l’argent là qu’on mobilise, l’usage qu’on en fait n’a rien à voir avec les véritables préoccupations de notre peuple, la preuve, nous sommes derniers en indice de développement humain.
Nouhou Arzika, leader de la société civile.
Les autorités sont optimistes, elles tablent déjà sur 6,5% de croissance l’an prochain. La population elle, n’est pas sûr que tout le monde en profitera. Le Niger est l’un des pays les plus pauvres au monde, classé dernier à l’Indice de Développement Humain.