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Niger : une manifestation contre la corruption dispersée après interdiction

A Niamey, capitale du Niger, un rassemblement organisé par un collectif de la société civile a été violemment dispersé par les forces de l'ordre mercredi 10 mai 2017. La manifestation visait à dénoncer, entre autres, la corruption, l'impunité et les pénuries d'électricité. Les organisateurs disent avoir été prévenus trop tard, de l'interdiction de se rassembler.
Les forces de l'ordre nigériennes ont dispersé à coups de grenades lacrymogènes, mercredi 10 mai 2017 à Niamey, une manifestation interdite qui avait été programmée par un collectif de la société civile contre "la mauvaise gouvernance" et les pénuries d'électricité, a constaté un journaliste de l'AFP.

Tôt dans la matinée, un détachement de policiers avait pris position sur une des grandes places de la capitale choisie comme lieu du rassemblement et des dizaines de personnes qui avaient commencé à se regrouper ont été dispersées. "Ils nous ont lancé des grenades lacrymogènes alors que les gens n'étaient pas informés de l'interdiction et, nous-mêmes, ils nous l'ont notifiée tardivement", a expliqué à l'AFP Maikoul Zodi, un des organisateurs du mouvement.

Les autorités de Niamey ont interdit la manifestation pour "risques de troubles à l'ordre public", a déclaré M. Zodi, également membre la campagne internationale "Tournons la page pour l'alternance démocratique en Afrique". "Ce n'est pas vrai, l'arrêté d'interdiction a été notifié aux organisateurs dès le 8 mai et non tardivement comme ils prétendent", a vigoureusement réagi une source au ministère nigérien de l'Intérieur, qui a transmis à l'AFP une copie de l'interdiction de manifester. "Donc, les organisateurs n'ont pas respecté les lois en vigueur. Pourquoi manifester les jours ouvrables alors qu'ils peuvent manifester tous les samedis et dimanches de chaque semaine sans aucun problème ?", a ajouté cette source.
 

Contre la corruption, entre autres


La manifestation visait à "dénoncer la corruption, l'impunité et surtout le détournement de deniers publics" mais aussi "les pénuries d'électricité" et "la déperdition du système éducatif", a expliqué Moussa Tchangari, un autre organisateur.

En janvier, les autorités municipales avaient interdit par un arrêté toute manifestation de rue durant "les jours ouvrables". En décembre 2016 et février 2017, des manifestations avaient déjà été organisées à Niamey par la société civile contre le gouvernement du président Mahamadou Issoufou et la vie chère. Les partisans du régime avaient organisé en réponse une grande manifestation de soutien au président début janvier. 

Le Niger est un pays sahélien presque entièrement désertique et parmi les plus pauvres du monde. Son économie est affectée par la chute du cours du pétrole - dont il est un modeste producteur depuis 2011 - et la baisse du prix de l'uranium, dont il est un grand producteur mondial.

Une partie des ressources est absorbée par la lutte contre les  jihadistes venant du Mali et des islamistes du groupe nigérian Boko Haram, qui mène régulièrement des attaques meurtrières au sud-est du Niger.