Le 15 janvier 2015, après la publication de caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo, la ville nigérienne de Zinder s'embrasait. Deux ans après, le Centre culturel franco-nigérien (CCFN) inaugure de nouveaux locaux. Notre envoyé spécial François-Xavier Freland est de retour à Zinder, qui tente lentement de renaître de ses cendres.
Voici deux ans de cela, la publication de caricatures de Mahomet dans le journal satirique français Charlie Hebdo déclenchaient à Zinder des émeutes meurtrières qui feront 5 mortset des dizaines de blessés. Trois églises, une catholique et deux protestantes, seront saccagées par les manifestants. Sur les 500 catholiques recensés avant les exactions, il n’en reste aujourd'hui qu’une poignée. La plupart, des étrangers, sont repartis dans leur pays, au Nigéria, au Bénin ou au Togo.
Trois jours après la publication de la caricature du prophète en Une de Charlie Hebdo, le Centre culturel français avait également été attaqué. Une centaine de jeunes islamistes avaient incendié les lieux aux cris de "Allah Akbar, à mort la culture, à mort la France !"
Si, aujourd'hui, le centre culturel franco-nigérien, a été en partie reconstruit, Bawa Souley Kaoumi, son directeur, n’a pas oublié. Ce jour-là, Il avait tenté jusqu’au bout de calmer les esprits. Il échappera de peu à un lynchage : "Je ne savais même pas où j’étais. C’est comme si j’avais les yeux fermés. Je ne comprenais pas la situation. Des amis m’ont appelé pour me dire de partir. J’ai refusé, je suis resté jusqu’à la fin."
Parmi les livres qui ont brûlé, il y avait aussi des corans, se souvient Bawa : "Il y avait de tout, parce qu’on a aussi des livres en arabe. Cette bibliothèque datait des années 1960. Des gens avaient fait des dons, il y a des ouvrages qu’on ne peut plus retrouver."
Située au sud du Niger, à quelques kilomètres du Nigéria, Zinder est régulièrement la cible du terrorisme de Boko Haram. Autrefois ville de commerce et d’échange sur le chemin des caravanes transsahariennes, la deuxième ville du Niger est désormais désertée par les touristes. A 60 kilomètres seulement du Nigéria, fief de Boko Haram, enlèvements et attentats ont fait de l'ancienne capitale historique du Niger une ville coupée du monde.