Nigeria : Chibok, un an après le rapt des 276 lycéennes

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Reportage d'Emmanuelle Sodji et Caroline Dumet, TV5MONDE. Date : 25/03/2015
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Boko Haram est accusé par les habitants de Dama-sak d'avoir enlevé des centaines d'enfants, il y a 10 jours. Des informations de la BBC démenties par le gouvernement. Ce rapt éventuel rappelle celui des 276 lycéennes à Chibok, il y a un an. Reportage de TV5MONDE sur place. 
De nombreuses personnes se réunissent chaque jour, au coeur d'Abuja pour rappeler que 219 jeunes filles sont encore aux mains de Boko Haram. Si le mouvement n'attire plus les grandes foules, les militants de la première heure ne désarment pas. 

"Pour certains au début c'était comme une mode, assure Aysha Yesufu, fondatrice du mouvement "Bring bac our girls". Les célébrités qui nous rejoignaient soulevaient plein d'espoir mais maintenant, chacun est rentré chez soi et la vie continue. Mais pour d'autres, la vie s'est arrêtée parce que les filles sont toujours avec ceux qui les ont kidnappées".

Ceux dont la vie s'est arrêtée, ce sont les habitants de Chibok, encore traumatisés. Les parents surtout. Rebecca attend sa fille Sarah, 19 ans. Elle ne sait même pas si elle est en vie. Son mari, Samuel, critique l'inefficacité de l'armée nigériane. Pour le chef de la communauté de Chibok, le retour des jeunes filles posera d'autres problèmes. 

"C'est sur que si les filles sont libérées, ce sera au gouvernement de les réintégrer, on ne peut pas les accepter comme ça parce qu'ils les ont sans doute manipulées, endoctrinées, affirme tsambino Abana, chef de la communauté de Chibok. Elles ont peut être changé d'état d'esprit. Peut-être même qu'elles peuvent revenir, prendre un couteau et attaquer leur père, leur mère, leurs frères ou leurs soeurs. On ne sait pas".

Que sont devenues les lycéennes ? Converties, vendues et mariées assure Boko Haram. Difficile de retrouver leur trace dans le pays le plus peuplé d'Afrique. Et comme les autorités semblent avoir abandonné les recherches, le mouvement d'Aysha pense embaucher un détective privé. Elle veut comprendre pourquoi les filles ne tentent plus d'échapper à leur geôlier. 

"Le gouvernement s'en fou, c'est sur, explique Aysha Yesufu. Pour lui, l'idéal aurait été d'étouffer l'affaire comme on en a étouffé plein d'autres. Les insurgés ont kidnappé 185 filles et jamais personne n'en a parlé. En fait, ils voulaient qu'on disparaisse. On a été harcelés, attaqués, intimidés, juste pour qu'on la ferme. Parce qu'au bout du compte, si on se tait, les gens vont oublier que les filles de Chibok ont été kidnappées. Le monde entier va oublier". 

L'espoir aujourd'hui pour ces familles de Chibok, c'est cette annonce d'une vaste offensive militaire contre Boko Haram. Mais depuis l'enlèvement, l'administration du président sortant Goodluck Jonathan, a perdu toute crédibilité.