Nigeria : comment expliquer le massacre de près de 200 personnes ?

Entre le 23 et le 25 décembre, près de 200 personnes ont été tuées dans plusieurs villages au centre du Nigeria. Qui est à l’origine de ces attaques et pourquoi ont-elles été menées ?

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Carte du Nigeria qui montre la localisation de l'État du Plateau au Nigeria où des groupes armés ont tué au moins 113 personnes

Des groupes armés ont tué au moins 113 personnes dans plusieurs villages de l'État du Plateau au Nigeria.

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Des groupes armés, localement qualifiés de “bandits”, ont attaqué “pas moins de 20 villages” entre le 23 et le 25 décembre dans l’État du Plateau, au centre du Nigeria. Selon le président du conseil du gouvernement de Bokkos Monday Kassah, ces groupes armés ont incendié de nombreuses maisons.

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Il déclare avoir dénombré "148 villageois de Bokkos massacrés de sang-froid", auxquels s'ajoutent "au moins 50 personnes tuées" dans quatre villages de la circonscription voisine de Barkin Ladi, selon Dickson Chollom, un élu de l'assemblée locale. Et "plus de 300 personnes" ont été blessées et transférées dans les hôpitaux de Bokkos, de Joset et de Barkin Ladi, affirme Monday Kassah.

Qui étaient les assaillants ?

Le président du pays Bola Ahmed Tinbu a condamné ces attaques et a ordonné l’arrestation des coupables. Selon les habitants des villages, les assaillants étaient des miliciens haoussa et fulani, autrement nommés des peuls. Ces derniers ont des antécédents de tension avec les agriculteurs chrétiens de la région. 

Cependant, cette attaque a été d'une ampleur sans précédent et son mobile reste incertain. Pour le gouverneur Caleb Mutfwang, il s'agit d’une criminalité à grande échelle. “Tant que nous n’aurons pas coupé l’offre en matière de parrainage (de cette violence), nous ne pourrons peut-être jamais en voir la fin”, prévient-il.

Quelles suites à cette attaque ?

L’aide aux victimes de l’attaque est arrivée environ 12 heures après le début de l’assaut. 15 personnes ont été enterrées dans le gouvernorat local de Mangu, selon le gouverneur local, et au moins 100 autres l’ont été à Bokkos. Le décompte du nombre de morts à Barkin Ladi n’est pas encore définitif.

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Par ailleurs, le président des observateurs communautaires de la paix dans la zone du gouvernement local de Bokkos, Mallai déclare que “dans la seule ville de Bokkos, plus de 10 000 personnes se sont réfugiées dans des églises, des mosquées, des écoles et des résidences privées", dans un entretien au média nigérian The Punch. Le gouverneur Caleb Mutfwang révèle également que pas moins de 64 communautés de l'État avaient été déplacées par les terroristes qui occupaient des écoles dans la zone de gouvernement local.

La rupture que nous avons connue ces derniers jours signifie que certaines personnes ne sont pas satisfaites des progrès accomplis.

Caleb Mutfwan, gouverneur

"Nous avons pris des engagements avec les chefs de communautés afin d'identifier les zones de conflit potentielles et de les étouffer dans l'œuf, détaille Caleb Mutfwang pour le média The Punch. Nous avons essayé de construire une harmonie communautaire et, dans une large mesure, nous y sommes parvenus. Mais la rupture que nous avons connue ces derniers jours signifie que certaines personnes ne sont pas satisfaites des progrès accomplis". 

Des attaques récurrentes 

Le centre du Nigeria est régulièrement victime d’attaques meurtrières. Au mois de septembre 2023, au moins 10 personnes ont été tuées dans cette région, en proie à une flambée de violence entre communautés d'éleveurs et d'agriculteurs. Courant juillet, un responsable local dénombre près de 300 morts et 80 000 déplacés au cours des trois derniers mois dans le centre du pays.

Une crise aggravée par le changement climatique ?

En effet, les régions du nord-ouest et du centre du Nigeria sont régulièrement le théâtre de tensions et conflits meurtriers autour de l'exploitation de la terre et des ressources en eau entre communautés d'agriculteurs et d'éleveurs, aggravés ces dernières années par la pression démographique et le changement climatique.

L'enchaînement de meurtres suivis de représailles a donné naissance dans la région à une criminalité plus large avec des gangs qui mènent des expéditions ciblées dans des villages, où ils tuent des habitants par dizaines, pillent et enlèvent des personnes pour lesquelles ils réclament ensuite des rançons.

En réaction, des groupes d'auto-défense armés, souvent soutenus par les autorités locales et l'armée, se sont constitués, eux-mêmes parfois accusés d'exactions. Cependant, pour les attaques du 23 au 26 décembre, le gouverneur Mutfwang considère que cela dépasse le conflit entre éleveurs et agriculteurs, ou entre musulmans et chrétiens.