Nigeria : deux attaques distinctes ont fait 44 morts dans le centre du pays

Trois villages ont été pris pour cible, entre le 23 et le 26 mai, indique le président du gouvernement local de Gwer West dans l'État de Benue. 44 personnes au moins ont été tuées dans deux attaques distinctes et un prêtre a été laissé pour mort sur la route de Markudi-Naka.

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Femmes déplacées par les attaques de Boko Haram dans un campà Dikwa, dans le nord-est du Nigeria, le 29 avril 2025.

Femmes déplacées par les attaques de Boko Haram dans un campà Dikwa, dans le nord-est du Nigeria, le 29 avril 2025. 

© AP Photo/Sunday Alamba
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"Ce matin, on m'a dit que 14 corps avaient été récupérés à Aondona, dont ceux d'une femme enceinte et d'un garçon de deux ans", a déclaré le gouverneur local à l'AFP ce 27 mai, ajoutant que 30 personnes avaient été tués dans un autre village, à Ahume. "Le nombre de victimes ne cesse d'augmenter chaque jour. Je pense que certains cadavres n'ont pas encore été découverts" qualifiant les attaques de "systématiques".

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Ormin Torsar Victor donne des détails atroces : les victimes ont été tuées par balles ou poignardées. Parmi les victimes, une femme enceinte "frappée à la machette", tandis qu'un garçon de deux ans a été "mutilé".

Un prêtre catholique laissé pour mort

Le 24 mai, un prêtre catholique a été blessé par balle alors qu'il conduisait sur la route de Markudi-Naka, ont indiqué l'église et le responsable du gouvernement local. "Ils lui ont tiré dessus et l'ont laissé là en pensant qu'il était mort", a déclaré Ormin Victor, ajoutant que deux passagers qui l'accompagnaient avaient été enlevés.

Le père Shima Ukpanya, porte-parle du diocèse de Makurdi, détaille dans un commniqué qe le père Solomon Atongo, avait été attaqué dans la soirée du 24 mai près de Tyolaha, par des "éleveurs terroristes présumés". Il appelle à prier pour son rétablissement

Ces deux dernières années, la route de Markudi-Naka a été le théâtre d’attaques et de violences de la part de bandes criminelles, à tel point qu’elle a été surnommée "la route la plus courte vers l’enfer". La route, dans un état de dégradation complète, est devenue un terrain de chasse pour des groupes de bandits armés qui ont transformé la vaste étendue de forêt qui la longe en camps et en cachettes. Leurs victimes comprennent des personnes fortunées, des dirigeants politiques et des fonctionnaires, ainsi que des citoyens ordinaires, qui sont souvent kidnappés contre rançon précise Agenzia Fides, l'Organe d'information des Œuvres Pontificales Missionnaires depuis 1927.

"Attaques coordonnées" 

Ruthie Dan Sam, une habitante d'Aondona, a déclaré le 26 au soir à l'AFP que "20 personnes avaient été tuées ici à Aondona".

Des enfants de moins de deux ans sont tués. Le spectacle le plus atroce est un bébé frappé à la machette. Ruthie Dan Sam, une habitante d'Aondona

Elle a ajouté que d'autres personnes avaient été tuées dans des villages voisins, sans pouvoir dire combien.

Ormin Torsar Victor a indiqué qu'avec d'autres habitants, il avait enterré cinq personnes, dont un père et deux de ses fils tués dans le village de Tewa Biana, "très proche d'une base militaire".

La porte-parole de la police de l'État de Benue, Anene Sewuese Catherine,  confirme deux attaques dans la zone mais a indiqué que son bureau n'avait reçu "aucun rapport de 20 personnes" tuées.
Elle précise qu'un raid a entraîné la mort d'un policier qui avait "repoussé une attaque" et que "trois cadavres ont été découverts".

Les éleveurs peuls présumés coupables

Ormin Torsar Victor a imputé ces "attaques coordonnées" aux éleveurs peuls.
L'État de Benue est le théâtre d'un conflit récurrent entre éleveurs peuls musulmans et agriculteurs sédentaires, principalement chrétiens, pour le contrôle des terres et des ressources.

Les attaques dans cette région dite de la Ceinture centrale du Nigeria prennent souvent une dimension religieuse ou ethnique.

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L'État de Benue figure parmi les plus touchés par ces conflits entre éleveurs nomades et agriculteurs, ces derniers accusant les bergers de saccager leurs cultures avec leurs troupeaux.