Fil d'Ariane
C'est une décision qui a provoqué la colère des avocats nigérians. Lundi 28 janvier, à moins de trois semaines des élections générales, ils étaient des centaines dans les rues de la capitale Abuja.
"L'association du barreau nigérian réclame l'annulation pure et simple de la suspension du président de la Cour suprême, explique Frank Itiete, avocat et membre de l'association du barreau nigérian, parce que cela viole la loi fondamentale du pays, cela détruit les fondations sur lesquelles le Nigéria est bati, c'est inquiétant et troublant pour nous en cette période."
Officiellement, comme l'annonçait l'un de ses porte-parole sur Twitter, c'est sur ordre du tribunal du code de conduite que le président Muhamadu Buhari a agi.
JUST IN: President @MBuhari suspends the Chief Justice of Nigeria (CJN) Walter Samuel Nkanu Onnoghen and appoints Mr. Ibrahim Tanko Muhammed as acting CJN.
— Bashir Ahmad (@BashirAhmaad) January 25, 2019
Cette cour, chargée de trancher les questions d'éthique, juge actuellement Walter Onnoghen, soupçonné de n'avoir pas déclaré plusieurs comptes bancaires en dollars en euros et en livres sterling. Un procédé qui dérange toutefois l'opposition.
"Même si le président de la Cour suprême a commis une faute grave, souligne Eunice Atuejide, candidate à la présidentielle (parti de l'intérêt national), il faut passer par la procédure normale pour l'amener à rendre des comptes. Vous ne pouvez pas vous réveiller arbitrairement, nous dire que le tribunal vous a donné un ordre et agir sur cet ordre pour remplacer le président de la Cour suprême. On entend ça nulle part dans le monde et nous disons "non" à ce genre de comportement..."
Et ce n'est pas la seule candidate à donner de la voix. Le principal porte-drapeau de l'opposition, l'ancien vice président Atiku Abubakar (PDP), accuse le pouvoir de "faire pression sur une institution gouvernementale indépendante et autonome, pour faire démissionner ou mettre à l'écart le juge Onnoghen". A l'international, l'inquiétude grandit également à l'approche des élections : samedi dernier déjà, l'Union européenne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne faisaient part de leur vive préoccupation à l'approche des élections.