Fil d'Ariane
Le nombre d'élèves enlevés dimanche 30 mai dans une école privée musulmane dans le centre du Nigeria, s'élève à 136, selon un bilan des autorités, qui peinent à endiguer les kidnappings d'écoliers et d'étudiants dans la région.
"Le gouvernement de l'Etat du Niger (Centre-Ouest) confirme que le nombre d'élèves enlevés par des bandits à l'école musulmane Salihu Tanko, située à Tegina, est de 136", a-t-il indiqué sur son compte Twitter.
Dimanche 30 mai après-midi, de nombreux hommes armés sont arrivés à moto dans la localité de Tegina où ils ont commencé à tirer, tuant un habitant et en blessant un autre, avant d'enlever les enfants.
Environ 200 enfants se trouvaient dans l'école au moment de l'attaque. Certains avaient réussi à s'enfuir, tandis que les ravisseurs en avaient relâché plusieurs, âgés de 4 à 12 ans, car "trop petits pour marcher", avait indiqué à l'AFP l'un des responsables de l'école.
Depuis l'attaque, des parents des élèves kidnappés attendent, assis devant l'école, des nouvelles de leurs enfants. Mardi, certains étaient larmes.
"Le gouvernement fait de son mieux pour assurer le retour en sécurité des enfants", ont rétorqué aux parents les autorités mercredi soir. Les forces de sécurité agissent cependant "avec prudence dans la poursuites des bandits pour éviter des dommages collatéraux", fait-il savoir.
Les autorités de l'Etat demandent également l'aide du gouvernement fédéral afin de "mieux les équiper" pour pouvoir affronter ces bandits.
Cette attaque est la dernière en date d'une série d'enlèvements d'écoliers ou d'étudiants ces derniers mois dans le centre et nord-ouest du Nigeria, où depuis une décennie des bandes armées terrorisent les populations, pillant des villages, volant le bétail et pratiquant des rapts de masse contre rançon.
Sans compter les écoliers kidnappés dimanche, au moins 730 enfants et adolescents avaient déjà été enlevés depuis décembre 2020.
Plusieurs de ces enlèvements avaient fait la Une des journaux internationaux et provoqué une émotion mondiale, notamment fin février, lorsque 279 adolescentes, âgées de 12 à 16 ans, avaient été kidnappées, puis libérées cinq jours jours plus tard, dans l'Etat de Zamfara, dans le nord-ouest du Nigeria.
Cette série noire avait commencé en décembre 2020, avec l'enlèvement de 344 garçons de leur pensionnat à Kankara (Nord). Ils avaient été relâchés au bout d'une semaine, après des négociations.
La multiplication de ces enlèvements fait craindre une aggravation de la déscolarisation, particulièrement des filles, dans ces régions pauvres et rurales qui comptent déjà le plus fort taux d'enfants n'allant pas à l'école du Nigeria. Face à cette situation, de nombreux Etats ont en effet pris la décision de fermer provisoirement les pensionnats.
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Depuis des décennies, le Nigeria est en proie aux rapts, les criminels ciblant surtout des hommes riches et influents. Mais ces dernières années, ils visent même les plus pauvres et des bandes armées lancent leurs attaques sur des grands axes routiers notamment, où des voyageurs sont régulièrement enlevés.
Début mai, des centaines de personnes ont bloqué une autoroute à la sortie d'Abuja pour protester contre la hausse importante des enlèvements contre rançon dans la périphérie de la capitale fédérale.
Les gangs criminels mènent des attaques à partir de leurs camps dans la forêt de Rugu, située aux confins des Etats de Zamfara, Katsina, Kaduna et du Niger.
Les assaillants sont d'abord motivés par l'appât du gain, même si certains bandits ont prêté allégeance à des groupes jihadistes présents dans le nord-est du Nigeria, à des centaines de kilomètres.
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