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© TV5 Monde / M. GOMIS / A. FOUCHARD
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Nigeria : les violences communautaires s'intensifient

Les éleveurs musulmans ont été désignés coupables du massacre ayant fait 18 morts dans une église du centre du Nigeria. Mais de nombreuses questions demeurent sur l'enchaînement des violences, dans un contexte politique sensible à moins d'un an de la présidentielle.

Devant la morgue du petit village de Mbalom, des femmes sont venues pleurer leurs proches... sauvagement assassinés dans une église. Après le drame, des éleveurs nomades, majoritairement musulmans sont pointés du doigt. En représailles, des commerçants musulmans eux aussi sont violemment assassinés par des jeunes dans la ville tout de proche de Makurdi.

Dans cette région, agriculteurs sédentaires, souvent chrétiens et éleveurs s'affrontent régulièrement. Une guerre pastorale ancestrale qui prend, ces derniers mois, une tournure religieuse.
 

Nous sommes tellement en colère que nous avons besoin de l'intervention de Dieu pour nous aider à calmer la communauté catholique là-bas dans l'Etat de Bénué. Plus encore quand le président de ce pays n'est pas assez sévère avec ces individus commettant ces actes criminels.

Gabriel Osu le porte-parole du diocèse de Lagos

"Si Muhammadu Buhari était actif, ajoute Gabriel Osu le porte-parole du diocèse de Lagos, ces personnes seraient considérées comme des terroristes. Et en plus de les déclarer terroristes, ils les poursuivraient. Tous les jours, ici les gens se sentent démunis."

Après ce double massacre, les parlementaires nigérians ont convoqué le président Mahamadou Buhari à venir s'expliquer devant les élus.

"La principale responsabilité du gouvernement est d'assurer la sécurité des hommes et des biens et, en tant que législature forte du mandat de nos électeurs, nous ne pouvons pas continuer à regarder notre peuple se faire tuer de sang froid", a affirmé le président de la chambre, Yakubu Dogara.

A quelques mois des élections présidentielles, des voix s'élèvent pour dénoncer l'instrumentalisation politiques de ces conflits communautaires. 

385 morts depuis janvier

La "ceinture centrale" du Nigeria, point de rencontre entre un nord majoritairement musulman et un sud principalement chrétien, est secouée depuis des décennies par des affrontements entre agriculteurs dits "autochtones" de confession chrétienne et éleveurs peuls nomades, majoritairement musulmans.

Ce conflit pour la terre et l'eau, aggravé par l'explosion démographique dans le pays le plus peuplé d'Afrique (180 millions d'habitants), a pris ces derniers mois une dangereuse tournure identitaire et religieuse entre deux communautés devenues irréconciliables.

Les éleveurs peuls font office d'"épouvantail", affirme le politologue Chris Ngwodo : "un terme générique pour expliquer l'effondrement de l'ordre public" dans la région.
"Le schéma de l'attaque d'hier était différent des attaques précédentes menées par les Peuls", estime pour sa part Cheta Nwanze, du cabinet de conseil SMB Intelligence basé à Lagos. "A mon avis, quelqu'un tire avantage du problème peul".

Depuis le début de l'année, au moins 385 personnes ont été tuées dans l'Etat de Benue.