Fil d'Ariane
Plus de 100 personnes ont été kidnappées dans le nord-ouest du Nigeria lors de deux attaques distinctes. Cette nouvelle vague d'enlèvements à grande échelle met à l'épreuve l'autorité du président Bola Ahmed Tinubu, qui a promis de s'attaquer à l'insécurité.
Murtala Abubakar, un élève de 17 ans de l'école primaire et secondaire LEA de Kuriga, qui a été enlevé par des hommes armés puis s'est échappé en rampant dans un buisson pour se mettre en sécurité, devant sa salle de classe à Kuriga, Kaduna, Nigeria, le 9 mars 2024.
Ces nouveaux kidnappings dans l'Etat de Kaduna font suite à celui de plusieurs dizaines de personnes la semaine dernière dans le même district de Kajuru, ainsi qu'à celui début mars de plus de 250 élèves d'une école de Kuriga, à 150 kilomètres de Kajuru.
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Ces nouveaux enlèvements de masse dans le pays le plus peuplé d'Afrique ont eu lieu au cours du week-end.
Dans la nuit de dimanche 17 à lundi 18 mars, des hommes armés ont enlevé 87 personnes dans la localité de Kajuru Station, selon le président du gouvernement local, Ibrahim Gajere. "Ils sont allés chercher les gens chez eux sous la menace d'une arme", a-t-il déclaré.
Un habitant, Harisu Dari, a déclaré que des groupes d'assaillants, connus localement sous le nom de bandits, ont pris d'assaut le village vers 22 heures et ont fait du porte-à-porte pour enlever les habitants.
Une source de l'ONU et un ancien responsable local, tous deux parlant sous couvert d'anonymat, ont confirmé ce récit.
Samedi, 16 personnes ont été enlevées à Dogon Noma, à une dizaine de kilomètres de là, selon Harisu Dari, la source de l'ONU et l'ancien responsable local.
La police de Kaduna et le commissaire à la sécurité de l'État n'ont pas répondu aux demandes répétées de confirmation.
La semaine dernière, des hommes armés avaient enlevé des dizaines de personnes dans un autre village du district de Kajuru.
Les gangs criminels procèdent souvent à des enlèvements massifs dans le nord-ouest du Nigeria, ciblant les écoles, les villages et les autoroutes où ils peuvent rapidement enlever un grand nombre de personnes en échange d'une rançon.
Au début du mois, plus de 100 femmes et enfants ont été enlevés dans un camp de déplacés dans l'Etat du Borno (nord-ouest) par de présumés jihadistes.
Puis des hommes armés ont enlevé plus de 250 élèves dans une école du village de Kuriga, situé à environ 150 kilomètres, ce qui constitue l'une des plus importantes attaques de ce type depuis des années.
Quelques jours plus tard, au moins 15 élèves d’une école islamique dans l’Etat de Sokoto au nord-ouest du Nigeria ont été enlevés par des hommes armés, d'après des sources locales.
Ces vagues successives d'enlèvements à grande échelle constitue un défi majeur pour le chef de l'Etat.
La semaine dernière, il a déclaré avoir ordonné aux forces de sécurité de ne pas payer de rançon pour la libération des élèves. Les parents affirment que les ravisseurs ont exigé un paiement important pour le retour des enfants.
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Au Nigeria, les victimes d'enlèvement sont souvent libérées à l'issue de négociations avec les autorités, bien que les responsables nient que des rançons soient versées.
Des familles et des communautés entières mettent en commun leurs économies pour payer les rançons, mais une loi de 2022 interdit de remettre de l'argent aux ravisseurs.
De nombreuses familles disent qu'elles n'ont pas confiance dans les autorités et qu'elles n'ont pas le choix.
(Re)voir Otages au Nigéria : le gouvernement interdit de payer une rançon
"Tous les jeunes qui ne voient pas d'avenir au Nigeria, compte tenu de la situation économique désastreuse, se tournent vers le kidnapping pour obtenir une rançon comme moyen de subsistance", a expliqué Confidence MacHarry, de la société nigériane de conseil en gestion des risques SBM Intelligence.
"Ce que nous avons vu jusqu'à présent en termes de réponse du gouvernement, c'est toujours la même chose, l'hésitation entre +nous n'allons pas payer la rançon+ et +nous faisons tout notre possible pour ramener les enfants à leurs parents+.", selon lui.
"Ainsi, au bout du compte, on en revient toujours à négocier en sous-main, à payer une rançon, à réduire la sécurité dans les écoles et, le plus souvent, le même cycle se répète", a-t-il ajouté.
SBM Intelligence a déclaré avoir enregistré 4.777 personnes enlevées depuis l'entrée en fonction de M. Tinubu en mai 2023.