Nigeria : plus de 200 personnes tuées par des "bandits" dans le nord-ouest

Un bilan meurtrier largement revu à la hausse dans le nord-ouest du Nigeria. Plusieurs villages de l'Etat de Zamfara, région rurale où des groupes armés criminels terrorisent les populations, ont été la cible d'attaques de "bandits" selon le gouvernement nigérian. Plus de 200 personnes ont été tuées.

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Nigeria école
Jangebe, Nigeria, 1er mars 2021 (AP Photo/Sunday Alamba)
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Au moins 200 personnes ont été tuées au cours de plusieurs attaques cette semaine menées par des hommes armés dans l'Etat de Zamfara, dans le nord-ouest du Nigeria, a déclaré dimanche un responsable gouvernemental.

"Plus de 200 personnes ont été enterrées aujourd'hui à cause de l'invasion des bandits (...) nous nous inquiétons également pour les personnes déplacées qui fuient par centaines leurs communautés", a déclaré Sadiya Umar Farouq, ministre des affaires humanitaires, cité par sa porte-parole Nneka Ikem Abiebeze.

Le nord-ouest et le centre du Nigeria sont le théâtre depuis plusieurs années des activités de "bandits", qui attaquent, pillent et enlèvent les habitants, dont ils volent le bétail et brûlent les maisons.

Un premier bilan faisait état de plus de 140 personnes tués par les bandits dans les attaques, selon Balarabe Alhaji, chef d'un des villages attaqués. 

"Nous avons enterré au total 143 personnes tuées par les bandits dans ces attaques", a déclaré à l'AFP Balarabe Alhaji, chef d'un des villages attaqués. Ce bilan, qui n'avait pas encore été confirmé par les autorités, a donc été revu à la hausse.

Plus de 140 personnes ont été enterrées dans les dix villages et nous sommes à la recherche d'autres corps car de nombreuses personnes sont portées disparues

M. Hamidu, un habitant d'un village attaqué

Des centaines d'hommes armés ont envahi à moto dix villages des districts d'Anka et de Bukkuyum entre mercredi et jeudi, tirant sur les habitants, pillant et incendiant des bâtiments, ont indiqué ces sources.

Un habitant du village de Kurfa Danya, Babandi Hamidu, a déclaré que ces hommes armés, désignés localement sous le terme de "bandits", tiraient à "vue" sur toute personne qu'ils croisaient sur leur chemin.

"Plus de 140 personnes ont été enterrées dans les dix villages et nous sommes à la recherche d'autres corps car de nombreuses personnes sont portées disparues", a déclaré M. Hamidu. Idi Musa, un habitant d'un autre village, a déclaré que "le nombre de morts est énorme", mentionnant le chiffre d'environ "150 personnes tuées par les bandits". Selon lui, les criminels ont par ailleurs volé "2000 têtes de bétail".

Un autre habitant, qui n'a décliné que son prénom, Babangida, a évoqué le même bilan.

Le chef comme les trois habitants ont déclaré avoir assisté aux funérailles des victimes dans leurs villages respectifs.

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"Représailles"

Mercredi, le gouvernement a officiellement qualifié les "bandits" opérant au Nigeria de "terroristes", afin de durcir les sanctions à l'encontre des auteurs d'attaques, de leurs informateurs et de leurs partisans.

Dans le journal officiel, les activités de "Yan Bindiga" et "Yan Ta'adda" - termes signifiant bandits en langue locale hausa - ont été classées comme des "actes de terrorisme". 

"Nous les avons qualifiés de terroristes (...) nous allons les traiter comme tels", a déclaré le président Muhammadu Buhari à la télévision nigériane cette semaine.

Président Nigéria
Le président nigérian, Muhammadu Buhari, durant une cérémonie à Lagos, au Nigeria, le 9 décembre 2021. (AP Photo/Sunday Alamba)

L'ancien général de l'armée, âgé de 79 ans, peine à enrayer l'insécurité généralisée dans le pays. Outre la lutte contre le banditisme, l'armée nigériane est déployée sur de multiples fronts, notamment dans le nord-est en proie à une insurrection jihadiste depuis plus de dix ans et dans le sud-est agité par des mouvements séparatistes.

Depuis la fin de l'année 2020, les gangs criminels ont également commencé à prendre pour cible des écoles, enlevant plus de 1400 élèves et suscitant une indignation internationale. La plupart ont pu être libérés depuis mais des centaines restent aux mains de leurs ravisseurs.

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Les forces armées nigérianes ont déclaré cette semaine avoir tué 537 "bandits armés et autres éléments criminels" et en avoir arrêté 374 autres dans le nord-ouest depuis mai 2020, tandis que 452 "civils enlevés ont été secourus".

Selon Kabir Adamu, du cabinet d'analyse en sécurité Beacon Consulting Nigeria, basé à Abuja, les attaques de cette semaine pourraient être une réponse aux récentes opérations militaires visant à les déloger de leurs fiefs dans l'Etat de Zamfara.

"La plupart d'entre eux (les bandits), pour se venger, et peut-être parce qu'ils risquaient une mort certaine, ont décidé de se déplacer vers d'autres zones et c'est dans ce cadre qu'ils semblent mener ces attaques", a déclaré Adamu à l'AFP. 

Selon certains habitants, les raids pourraient également être des représailles à l'attaque par des milices locales d'auto-défense d'un convoi de bandits qui tentaient de fuir l'armée nigériane.

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