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Très critique envers le président Kabila, l'archevêque de Kinshasa Laurent Monsengwo a célébré ce vendredi 12 janvier une messe marquée par la ferveur religieuse, mais à la résonance politique, dans la plus grande cathédrale de Kinshasa, pleine à craquer.
Au premier rang étaient assis côte à côte les ambassadeurs de Belgique, de France, du Canada, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, une représentante des États-Unis, ainsi que le secrétaire du nonce apostolique au second rang. Parmi l'assistance se trouvaient aussi des leaders de l'opposition, comme Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, et des activistes du mouvement citoyen Filimbi, avec des pancartes demandant la libération d'un de leurs leaders récemment arrêté.
La messe a été interrompue à plusieurs reprises par des salves d'applaudissements, des chants, des slogans, voire des huées, qui ont ponctué l'intervention de différents membres du clergé pour le respect d'un accord politique conclu sous l'égide de l'Eglise catholique, prévoyant le départ du pouvoir du président Kabila. "Si nous avons perdu un frère, une soeur, nous avons gagné des héros, des vrais, parce qu'ils ont mêlé leur sang à celui de tous ceux qui sont morts pour l'alternance au pouvoir gage de la démocratie", a lancé pendant son sermon l'évêque auxiliaire Donatien Bafuidinsoni, faisant se lever l'assistance.
A plusieurs reprises, les intervenants ont récité le nom des six victimes de la dispersion par les forces de l'ordre des "marches pacifiques" du 31 décembre organisées par des laïcs proches de l'Eglise. La nonciature et les Nations unies ont révisé jeudi le bilan de la répression à la hausse, passant de cinq à six morts. Les autorités, elles, affirment qu'il n'y a pas eu de décès en lien avec ces marches.
Depuis les marches du 31 décembre, le cardinal Monsengwo et le pouvoir entretiennent des relations exécrables. L'homme fort de l'église congolaise avait dénoncé la "barbarie" et demandé que les "médiocres dégagent". Des "propos injurieux", avait déclaré le gouvernement, qui affirme qu'il n'y a pas eu de morts en lien avec ces marches. Les organisateurs demandaient au président Kabila de déclarer publiquement qu'il quitterait le pouvoir d'ici la fin de l'année.
Cette cérémonie sous haute tension a connu une fin agitée : la police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser un attroupement de fidèles sur la chaussée devant l'enceinte de la cathédrale Notre-Dame. Bilan : deux blessés légers d'après la police, qui accuse des activistes d'avoir créé "un embouteillage sans précédent" en suivant le chef de l'opposition Vital Kamerhe.
L'élection présidentielle a été renvoyée au 23 décembre 2018 par les autorités, qui ont invoqué des problèmes sécuritaires au Kasai (centre). Toute manifestation d'opposants est interdite en République démocratique du Congo.
Au pouvoir depuis l'assassinat de son père en 2001, élu en 2006, réélu en 2011, le président Kabila, 46 ans, a terminé son deuxième et dernier mandat le 20 décembre 2016, d'après la Constitution qui autorise le président à rester en place jusqu'à l'installation d'un successeur élu.