Ouganda : Bobi Wine affirme que "des fraudes et des violences" ont marqué l'élection présidentielle

Le candidat de l'opposition Bobi Wine, principal adversaire du président sortant Yoweri Museveni, a déclaré vendredi 15 janvier que l'élection présidentielle de la veille avait été entachée "de fraudes et de violences", tout en restant positif sur la "situation".
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Bobi Wine, lors d'une conférence de presse, le 12 janvier 2021 à Kampala.
AP Photo/nicholas bamulanzeki
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Lors d'une conférence de presse à Kampala, où les réseaux sociaux sont suspendus et où l'accès à internet est fortement perturbé, M. Wine a "rejeté" ces premiers résultats, dénonçant "une véritable mascarade" et affirmant avoir "largement vaincu" M. Museveni, qui brigue un sixième mandat.

"Je suis très confiant, nous avons largement vaincu le dictateur. (...) Nous avons certainement remporté l'élection et nous l'avons largement remportée", a déclaré M. Wine, s'exprimant devant les journalistes dans le jardin de sa maison, à la périphérie de la capitale. 

"M. Museveni essaie de faire croire qu'il est en tête. Quelle blague", a poursuivi l'ancien chanteur de ragga. Selon lui, le scrutin a été entaché par "des illégalités venues d'en haut, que Museveni et son régime sanguinaire ont commises pour préparer le pire trucage jamais connu par le pays".

Dès jeudi peu après minuit, M. Wine a dénoncé une première fois sur Twitter - et ce malgré la censure - "des fraudes répandues" et appelé la commission électorale à "annoncer la volonté du peuple". Il n'a donné aucun détail dans ce message posté sur Twitter, malgré la censure des réseaux sociaux imposée par les autorités qui affirment que l'élection s'est déroulée dans le calme.

"Malgré les fraudes répandues et les violences observées à travers le pays plus tôt aujourd'hui, la situation semble toujours bonne. Merci à toi l'Ouganda pour être venu  voter en nombre record", a-t-il écrit peu après minuit.
"L'enjeu est maintenant pour M. Byabakama (le chef de la commission électorale, Ndlr) et la commission électorale d'annoncer la volonté du peuple", a-t-il ajouté.

Contacté par l'AFP, Bobi Wine, qui affirmait jeudi soir dans un précédent tweet que son téléphone était "bloqué", n'était pas joignable dans l'immédiat pour apporter des précisions.

Lors de sa conférence de presse, M. Wine a déclaré avoir reçu des milliers de rapports d'irrégularités, citant des bulletins préremplis, des électeurs influencés ou n'ayant reçu de bulletin que pour les législatives et pas pour la présidentielle, ou encore des urnes ouvertes et bourrées dans certains districts.

Il a promis que son équipe partagerait "toutes les irrégularités" lorsqu'internet serait rétabli.

Jeudi soir, le président de la Commission électorale, Simon Byabakama a estimé que le vote s'est "généralement déroulé dans le calme dans tout le pays", ce qu'a aussi confirmé le porte-parole de la police, Fred Enanga.

Et ce vendredi dans la matinée, la Commission électorale a répondu aux affirmations de Bobi Wine, lui demandant de "démontrer au pays de quelle manière, de quelle façon les résultats sont truqués".

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Ce scrutin présidentiel et législatif, placé sous haute surveillance, s'est déroulé sans accès ou presque à internet, largement perturbé, sans accès non plus aux réseaux sociaux et services de messagerie, suspendus depuis mardi.

Yoweri Museveni, dirigeant autoritaire de 76 ans, qui règne sur l'Ouganda depuis 1986, s'affiche en grand favori. En Afrique, seuls Teodoro Obiang Nguema en Guinée Equatoriale et Paul Biya au Cameroun ont passé plus de temps au pouvoir sans interruption. Par l'intermédiaire de son porte-parole, il s'est engagé à accepter le résultat des élections.

 "Le président (...) est sûr de gagner. Mais il acceptera le résultat des élections du moment qu'elles sont libres et justes", a assuré à l'AFP son porte-parole, Don Wanyama.

Les 18 millions d'électeurs ougandais (sur une population totale de 44 millions) étaient appelés à départager Bobi Wine, devenu à 38 ans le principal candidat de l'opposition, et M. Museveni, qui brigue après 35 ans de pouvoir un sixième mandat, au terme d'une campagne électorale particulièrement violente.

Cette dernière a été émaillée d'arrestations et d'émeutes, et endeuillée par plusieurs dizaines de morts. Mi-novembre, au moins 54 personnes ont été tuées par la police lors de violences déclenchées par une énième arrestation de M. Wine, maintes fois appréhendé depuis 2018.

Jeudi, Bobi Wine, Robert Kyagulanyi de son vrai nom, a affirmé que plusieurs observateurs électoraux de son parti avaient été arrêtés dans la matinée et a dénoncé les dysfonctionnements de certaines machines biométriques utilisées pour vérifier l'identité des votants.

Les résultats de l'élection seront connus "d'ici samedi 16H00", selon la commission électorale.