Fil d'Ariane
Deux dirigeants du principal parti d'opposition, NUP, en Ouganda ont été arrêtés ce 9 octobre, lors d'une réunion commémorant l'indépendance du pays. La Plateforme d'unité nationale ajoute que leur leader, Bobi Wine, est assigné à résidence depuis le 5 octobre.
Bobi Wine, de son vrai nom Kyagulanyi Ssentamu, chez lui à Magere, au nord de la capitale Kampala, le 4 octobre 2023.
Des soldats et des policiers lourdement armés ont encerclé le siège de la Plateforme d'unité nationale (NUP) de Bobi Wine à Kamwokya, dans la capitale Kampala, et les routes ont été bloquées pour empêcher les véhicules d'entrer dans la zone, a affirmé le parti sur X, ex-Twitter.
Le 5 octobre, Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, ancien chanteur, avait annoncé qu'il était assigné à résidence après avoir été arrêté par des agents de sécurité à son retour d'un voyage à l'étranger.
Bobi Wine était le principal rival du président Yoweri Museveni - qui dirige l'Ouganda d'une main de fer depuis 1986 - à la présidentielle de 2021.
Les autorités n'ont pour l'heure pas répondu aux affirmations du NUP et l'AFP n'a pu vérifier de manière indépendante si Bobi Wine est assigné à résidence.
Selon le NUP, le secrétaire général du parti David Lewis Rubongoya ainsi que son porte-parole Joel Ssenyonyi, tentaient de s'adresser à des journalistes lorsqu'une quinzaine de soldats les ont emmenés dans une mini-fourgonnette banalisée.
La réunion de l'opposition avait pour but de commémorer le 61e anniversaire de l'indépendance de l'Ouganda vis-à-vis de la Grande-Bretagne.
"L'armée et la police ont une fois de plus perquisitionné et bouclé le siège du NUP, à Kamwokya, afin de nous empêcher de prier pour nos camarades morts, détenus et disparus", a affirmé Bobi Wine sur X, poursuivant que deux pasteurs avaient également été arrêtés.
L'opposant a ensuite publié des photos de son domicile au nord de Kampala avec des personnes portant des photos de leurs proches disparus et des affiches disant "Libérez tous les prisonniers politiques".
La police a démenti l'arrestation de l'opposant le 5 octobre, affirmant avoir "escorté" l'homme de 41 ans depuis l'aéroport international d'Entebbe jusqu'à son domicile.
Bobi Wine a été arrêté à de multiples reprises ces dernières années et les rassemblements de ses partisans régulièrement dispersés, parfois violemment.
Le Bureau des Affaires africaines du Département d'État américain s'est dit "préoccupé" par le "rétrécissement de l'espace démocratique en Ouganda" après la "détention" de Bobi Wine "à son retour en Ouganda" et celle "d'autres partisans de l'opposition".
L'Ouganda est régulièrement épinglé par les ONG pour ses atteintes aux droits humains.
Selon Amnesty International, les autorités de Kampala "ont cette année encore réprimé pénalement les manifestations, sans fondement juridique. Elles ont eu recours à la détention provisoire et à des poursuites pénales pour dissuader les critiques".