Samedi dernier, il a emballé quelques affaires pour un aller-retour sur ses terres, malgré le danger.
...Mourir de faim est trop douloureux...
Charles Mubaraka, réfugié sud-soudanais en Ouganda
"C'est très dur ici, j'ai une famille de 10 personnes. Je ne peux pas tous les nourrir", souligne ce pasteur, réfugié du Soudan du sud. Et d'ajouter avec ce ton fataliste :"J'ai donc décidé de retourner au Soudan du Sud pour collecter de la nourriture et si je me fais tuer, je mourrai au Soudan du Sud, mais mourir de faim est trop douloureux. "
Les risques du retour au Soudan du sud
À Palorinya, il y a 180.000 réfugiés. En grande majorité sud-soudanais.
Un camp isolé et difficile d'accès où la distribution des rations alimentaires a pris deux mois de retard. Comme Charles, affamés et désespérés, certains choisissent de retourner en zone de guerre pour nourrir leur famille. Timon Wani, a fait ce choix, bien malgré lui. Un choix douloureux à plus d'un titre. "J'étais avec mon fils au camp, mais à cause de la faim, il est retourné au Soudan du Sud pour ramener de la nourriture." L'histoire ne s'arrête pas là. Le regard vide, le visage fatigué, il indique avec pudeur:
"Nous avons dû aller le chercher et nous avons découvert qu'il avait été tué sur le chemin du retour."

Le manque de céréales en Ouganda, de budget pour les programmes alimentaires internationaux sont autant de facteurs aggravants à Palorinya. Pour les ONG, l'objectif est de maintenir les réfugiés ici en sécurité. Une tâche rendue difficile sans aide alimentaire.

Depuis quatre ans, quatre millions de personnes ont fuit une guerre civile
qui a dévasté le Soudan du sud. Une grande partie de ces exilés est actuellement dans le nord de l'Ouganda, un pays chaque jour un peu plus, débordé par cet afflux de réfugiés.