Il a terrorisé des dizaines de milliers de civils de l'Ouganda à la Centrafrique. Il a été pourchassé par plusieurs armées dont les troupes ougandaises et américaines, sans succès. Plus de 30 ans après la création de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), le leader de cette milice ougandaise, Joseph Kony, est toujours en fuite.
L'armée américaine a annoncé vendredi 24 mars, qu'elle allait mettre fin à ses opérations en Afrique contre l'Armée de la résistance du Seigneur (LRA) et son chef Joseph Kony, même si celui-ci court toujours..
Cette opération qui mobilisait une centaine de conseillers militaires américains "touche à sa fin", a déclaré le général Tom Waldhauser, le chef des forces américaines en Afrique. A la suite d'une campagne menée par des activistes aux Etats-Unis, le président américain Barack Obama avait autorisé en 2010 le déploiement de quelque 100 membres des forces spéciales américaines devant travailler avec les armées régionales contre la LRA.
L'opération qui a coûté entre 600 et 800 millions de dollars depuis 2011 n'a pas permis de capturer Joseph Kony, mais elle a réduit la LRA à "l'insignifiance", a souligné le général Waldhauser. "Sur les 5 ou 6 dernières années, nous avons retiré du champ de bataille des centaines, peut-être des milliers" de combattants de la LRA.
Les Etats-Unis veulent continuer à maintenir de liens avec les pays de la région, et en particulier avec l'Ouganda, pour éviter la résurgence du mouvement, a assuré le général Waldhauser.
Joseph Kony toujours en fuite
Joseph Kony est visé par un mandat délivré en 2005 par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Surnommé "Le Messie sanglant", Joseph Kony né à Odek, dans le nord de l'Ouganda est le chef des rebelles de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui opèrent entre l'Ouganda et le Soudan. Mélangeant mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanguinaire, Joseph Kony, considéré parfois comme un prophète par ses hommes, souhaitait libérer l'Ouganda de Museveni pour instaurer un régime fondé sur les Dix commandements. Il a par la suite ajouté un onzième commandement interdisant de rouler en vélo, sous peine d'amputation.
Son groupe est accusé d'enlèvements d'enfants et d'adolescents en faire des soldats (on estime que 80 % de la LRA est composée d'enfants soldats), d'esclavage sexuel pour les jeunes filles, de nombreux massacres de civils, de nombreuses destructions et pillages réalisés par les troupes de chocs, composées d'enfants soldats qui ont lancé depuis 1987 une insurrection brutale dans le nord de l’Ouganda, qui a duré vingt ans et causé la mort de 10 000 personnes, ainsi que le déplacement de deux millions d’autres.
Son lieutenant Dominique Ongwen jugé par la CPI
L'un de ses principaux lieutenants, l'ancien chef de guerre Dominic Ongwen, est actuellement jugé par la CPI. Menacé de mort par Joseph Kony, Dominic Ongwen s'est rendu aux forces armées ougandaises (UPDF) et aux forces spéciales américaines en janvier 2015 en Centrafrique.
Lui-même ex-enfant soldat, Dominic Ongwen, doit répondre de 70 chefs d'inculpation dont assassinats, viols, torture, enlèvement d'enfants. Son procès est le premier à se pencher sur les crimes commis par la LRA depuis près de 30 ans.
Où en est l'Armée de résistance du Seigneur (LRA)?
L'Armée de résistance du Seigneur (LRA) a terrorisé pendant 30 ans de larges zones d'Afrique centrale avec des enlèvements d'enfants et mutilations de civils à grande échelle.Selon l'ONU, la LRA massacré plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants depuis sa création vers 1987.
En Ouganda, l'activité de la LRA a décliné depuis l’opération "Lightning Thunder", soutenue par les Etats-Unis et menée entre décembre 2008 et mars 2009, qui a permis d’expulser la LRA des territoires ougandais.
Autrefois près de 4.000, les rebelles de la LRA ne sont sans doute plus que quelques centaines, dispersés en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Soudan du Sud et au Soudan.